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CONTRIBUTION A L'ETUDE
DE
LA PÉCHE: MARITIME
EN
URUGUAY
PAR
ANDRÉ BOUYAT
PROFESSEUR DE ZOOLOGIE A L'INSTITUT AGRONOMIQUE DE MONTEVIDEO
CHARGÉ DE L'ÉIUDE DES PECHERIES EN URUGUAY
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(COMMUNICATION PRÉSENTÉE AU CONGRÉS DE LA HAYE 1909)
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EXTRAIT DE LA REVUE N.> VIII DE L'INSTITUT D'AGRONOMIE
MONTEVIDEO
Tip. DE L'ECOLE NATIONALE DES ÁRTS ET MÉTIERS
1911
ANDRÉS BOUYAT
SuB-DIRECTOR DEL INSTITUTO DE PESCA
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CONTRIBUTION A L'ETUDE Dillon 0 fishes
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DE
LA PÉCHE MARITIME
EN
URUGUAY
PAR
ANDRÉ BOUYAT
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PROFESSEUR DE ZOOLOGIE Á L'INSTITUT AGRONOMIQUE DE MONTEVIDEO
CHARGÉ DE L'ÉJUDE DES PÉCHERIES EN URUGUAY
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(COMMUNICATION PRÉSENTÉE AU CONGRÉS DE LA HAYE 1909)
— ——
EXTRAIT DE LA REVUE N.? VIII DE L'INSTITUT D'AGRONOMIE
MONTEVIDEO
ir. DE L'ECOLE NATIONALE DES ÁkTS ET MÉTIERS
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Contribution á Pétude de le péche
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PAR
ANDRE BOUYAT
Professeur de Zoologie á l'Institut Agronomique de Montevideo
Chargé de Pótude des pécheries en Uruguay
(COMMUNICATION PRÉSENTÉE AU CONGRES DE LA HAYE 1909)
INTRODUCTION
Une des questions auxquelles nous avons cru de-
voir accorder une attention toute spéciale a notre ar-
rivée- dans la République Orientale de Uruguay a
été celle de Pexploitation méthodique de la faune
aquatique.
Nos études antérieures, les travaux effectués par la
Mission francaise á laquelle nous avons eu Phonneur
WVPappartenir et dont les résultats ont eu une si heu-
reuse influence sur le développement de la péche en
Afrique occidentale (l,, les conditions remarquables
oquoffre a Pétablissement de Paquiculture la Répu-
blique de Uruguay, tout nous portait á consacrer une
partie de nos premiers efforts a Pétude de Pexploita-
tion industrielle de la faune aquatique.
Gráce aux renseignements qu'il nous fut possible
de recueillir, aux publications et périodiques que nous
púmes consulter et á nos observations personnelles
nous fúmes rapidement convaineu qu'il y avait a faire,
beaucoup a faire au point de vue «pécheries» et que,
(1) Voyez A. Gruvel et A. Bouyat, les Pécheries de la Cóte Occidentale d*Afri
que, Challamel éditeur, Paris 1906.
A. Gruvel, les Pécheries des cótes du Sénégal et des rivitres du sud, Challamel
éditeur, Paris 1908.
o E
pour peu que le (rouvernement veuille bien lui accor-
der son appui, lP'industrie de la péeche, encore rudi-
mentaire, était susceptible de prendre un essor qui la
placeraitau premier rang parmi les plus florissantes
branches de Pactivité de la République.
Mais précisément parce quíil v avait beaucoup a
faire un plan de travail était nécessaire, dont Vexé-
cution méthodique éviterait la perte de temps due
a la dissémination des efforts sur plasieurs points,
et il nous parut que Pexécution de ce plan devait
commencer par Vétude et Porganisation de la péche
EnSIen:
La, en effet, existait déja un commencement d'ex-
ploitation. Une entreprise de péeche utilisant des va-
peurs et de petits voiliers; quelques autres vapeurs,
appartenant a des pecheurs associés et un certain
nombre de barques a voile, pratiquaient la péche au
palangre et au trémail (1) approvisionnant de pois-
son frais la ville de Montevideo et l'entreprise P.
Galcerán exportait quotidiennement sur Buenos Aires
une quantité assez considérable de poisson trans-
porté d'une rive a Pautre du Río de la Plata par les
vapeurs faisant chaque jour le service entre les deux
capitales.
Au point de vue «conserves», il n'y a lieu de men-
tionner que de petits industriels travaillant avec des
capitaux extréemement réduits et un personnel des
plus restreints.
Enfin quelques pecheurs se livrent au tranchage,
salage et séchage Yun tres petit nombre de poissons.
Les produits qw'ils obtiennent sont destinés a Pinté-
rieur de la République. De graves défauts de prépa-
ration les rendent, en effet,- inacceptables par le
marché de Montevideo ou les remplace le poisson
sec importé d'Europe et désiené sous le nom géné-
ral de «bacalao» quelles que soient les espéces qui
le composent.
Point de fabriques d'engrais de poisson, d'huile de
foies, Vichthyocolle, de graisse de poisson, etc. De
salines pas davantage.
En ce qui concerne 'P'huile de foies, il nous a ce-
pendant été signalé une tentative de fabrication re-
(1) L'engin utilisé en Uruguay est improprement désigné sous le nom de trémail.
Il se compose, en eftet, d'une seule nappe de filet. L'usage du trémail yóritable ou
trémail de «tres paños» est prohibe.
EA
montant á plusieurs années. Les produits obtenus
étaient, parait-il, d'une élaboration suffisamment par -
faite pour avoir été vendus au lieu et place de l'huile
de foiles de morue importée, mais ce rudiment d'in-
dustrie avait disparu au moment de notre arrivée.
D'autre part nous ne pouvons considerer comme pro-
duit commercial les préparations qui figurent aux éta-
lages de certains marchands de poissons an «Marché
du Port» dans des facons couverts d'une couche de
poussiére qui témoigne á la fois de Pancienneté de
leur fabrication et du.... respect dont ils sont Pobjet.
Au point de vue des salines, il y a lieu d'indi-
quer des essais faits sur plusieurs points de la cóte
(Puerto inglés, Punta del este, etc.) et qui n'auraient
pas donné de résultat. Nous devons ajouter que le
tres bas prix du sel, apporté par des voiliers qui
viennent «sur lest», ce lest étant précisément cons-
titué par du sel, le prix de la main-d'ceuvre et Pab-
sence au moment des essais sus- mentionnés de mo-
yens économiques de transport placaient l'industrie
des salines dans de tres précaires conditions.
Le tableau que nous venons d'esquisser rapidement
ne rappelait que de trés loin Pexploitation indus-
trielle de la péche et de ses produits en Europe ou en
Nord Amérique.
La quantité et la qualite des espéces composant
la faune des eaux baignant les cótes de l'Uruguay
Jointes á des conditions climatériques exceptionnelles
permettaient, par contre, d'entrevoir la possibilité de
faive au moins aussi bien qu'en Europe en étendant
aire de travail des bátiments pécheurs qui ne dé-
passaient guére, vers Pest, le «banc anglais », et en
entrant résolument, si des obstacles insoupconnés ne
s'y opposaient pas, dans l'industrialisation tant des
procédés de la péche que de ceux de préparation et
(VPutilisation de ses produits.
Ce sont de telles considérations qui nous détermi-
nerent á présenter a Monsieur le Ministre d'indus-
ries, travail et instruction publique le projet suivant:
A
PROJET D'ORGANISATIÓN
d'une Mission pour létude des ressources ichthyologiques des fleuves, des
lagunes et des eawx baignant les cótes de la République Orientale de
' Uruguay et la recherche des industries auxquelles peut donner naissance
leur exploitation.
En examinant la carte hydrographique de la Ré-
publique Orientale de "Uruguay, on est inmédiate-
ment frappé par Pabondance des fleuves, riviéres et
ruisseaux quí la sillonnent en tous sens, assurant
une irrigation qui en a fait le pays par excellence
des páturages et de l'élevage.
Et, a ce remarquable, á ce richissime réseau de
cours d'eau, dont Pimportance s'échelonne du simple
ruisselet aux majestueux Río Uruguay et Rio Negro,
auxquels sont adjointes des lagunes d'une étendue
considérable, viennent encore s'ajouter les cótes du
Rio de la Plata et le littoral de POcéan Atlantique.
La République Orientale de Uruguay posséde, de
ce fait, une faune aquatique particuliérement remar-
queable et Pinfinie variété de poissons, crustacés et
mollusques qui la composent, comprend depuis les
animaux les plus franchement marins jusqu'aux plus
nettement adaptés a la vie en eau douce, en passant
par ceux auxquels leur organisation permet de vivre
en eau saumatre.
Les conditions éminemment favorables dans les-
quelles se présente Putilisation des animaux aquati-
ques, Pabondance et la valeur, depuis longtemps
reconnues, des especes constituant les faunes marine,
WVeau saumátre et d'eau douce induisent a penser que
leur exploitation doit étre susceptible de donner licu
a la création d'industries aux produits desquelles un
débouché certain est assuré dans la République méme,
en Argentine, au Brésil, etc.
Mais, quelle que soit Pabondance de la matiére
premiére, quelles que soient les facilités assurées a
son exploitation par une situation privilégiée, la créa-
tion de telles industries demande des travaux prépa-
ratoires dont la nécessité est dautant plus impérieuse
que la variété des espéeces exploitables est plus grande,
que les produits á élaborer sont plus nombreux et
plus divers.
0% - JAN
L'exploitation des richesses de toutes sortes que
nous offre la faune aquatique, qu'il s'agisse de pois-
sons, de crustacés ou de mollusques, «l'agriculture
des eaux» pour rappeler le nom si justement donné
a Paquiculture, est certainement susceptible de nous
fournir des ressources incalculables pendant un nom-
bre Vannées relativement considérable.
Cependant, mettant á profit les enseignements tirés
de Pagriculture, utilisant les lecons du passé et Pex-
périence acquise, Paquiculture ne doit étre entreprise
sur une vaste échelle que d'une manitre rationnelle
et P'idée directrice des industriees devrait étre «réser-
ver Pavenir» plutót qu'exploiter sans mesure, jusqu'a
en tarir les sources, les richesses de la faune aqua-
tique.
Guidés par cette idée, ces mémes industriels évite-
ront, “une part, Vencombrer un marché qui, quelque
erande que soit sa capacité d'absorption, ne peut
permettre á Vinfini Pécoulement des marchandises;
assúureront, d'autre part, á leur industrie une régula-
rité de fonctionnement qui sera une garantie non seu-
lement pour la situation de leurs ouvriers et employés
mais aussi pour la rémunération des capitaux engagés.
Enfin ils seront certains de ne pas se trouver, au
bout d'un temps plus ou moins considérable, en face
du probleme qui se dresse actuellement devant tant
WVagriculteurs ayant tout pris á la terre sans jamais
rien lui donner, et cela durant des années et des
années, et qui doivent choisir entre les deux solutions
suivantes: ou laisser les endroits appauvris reconsti-
tuer leurs richesses par le seul jeu des forces de la
nature et cela en avant recours au facteur «temps»,
avec VPobligation, par conséquent, d'abandonner mo-
mentanémeni Pexploitation et de porter ailleurs leurs
efforts; ou s'imposer des sacrifices pécuniaires pour
continuer Pexploitation tout en essayant de rendre au
milieu de culture épuisé la fertilité disparue.
Dépenses pour Pacquisition Vengrais en agriculture,
frais assez considérables pour le repeuplement des
eaux exploitées sans mesure en aquiculture: telles
sont les nécessités qui s'imposent rapidement á ceux
qui exploitent á outrance sans autre but que le béné-
fice de 'Pheure présente.
L'exploitation de la faune aquatique devra étre a
la fois méthodique et prévoyante: méthodique, pour
Ms
ne rien laisser perdre des richesses que nous offre la
fécondité remarquable des animaux qui la composent;
prévoyante, pour assurer lP'avenir et conserver toute la
stabilité que peut permettre aux entreprises humai-
nes la précarité dont elles sont frappées.
Pour agir méthodiquement, les industriels devront
exploiter non seulement les poissons, crustacés et
mollusques sous la forme la plus courante, c'est-á-
dire les envoyer directement sur le marché, mais
aussi offrir a la consommation ces mémes poissons,
erustacés et mollusques sous les formes que peuvent
leur faire acquérir les procédés si variés de l'indus-
trie moderne.
Poissons salés el séchés, poissons fumés, conserves
a P'huile et au vin blanc, poissons en «escabeche »,
conserves de crustacés, etc., permettront en méme
temps qu'une exploitation d'autant plus rémunératrice
que les produits de la péche seront présentés sous
des formes plus variées, une régularisation parfaite
du marché «poisson frais». Celui-ci ne sera plus
encombré, certains jours, pour étre totalement: dé-
pourvu les jours suivants, au grand dommage tant
des producteurs, qui doivent trop souvent livrer leur
peche á des prix avilis, que des consommateurs trop
souvent aussi soumis aux dures exigences d'un marché
oú la demande reste presque complétement sans con-
tre-partie.
Pour ¿tre prévoyante, le "xploitation devra assurer
Pavenir et ici doit intervenir l'Etat dont les intérets
sont constants et se poursuivent dans le temps, tandis
que ceux des industriels, qu'il s'agisse de particuliers
ou de sociétés, sont limités á un nombre d'années
toujours peu considérable si on le compare a Pexis-
tence d'une nation.
La richesse des eaux et des terrailos sous- marins
est un patrimoine qui n'est pas seulement la. pro-
priété des pécheurs d'une é époque mais bien Papanage
de toutes les génératioos á venir.
La péche devra donc étre réglamentée par PEtat.
Pour connaitre exactement les ressources offertes
á de nouvelles industries, pour déterminer les consi-
dérations biologiques, les lois de migrations des pois-
sons sur lesquelles s'appuyera cette réglementation,
une étude s'impose:
1. De la zone marine que parcourront, la foui-
10
llant dans tous les sens, les embarcations, voiliers: et
vapeurs des exploitations futures;
2. Des fleuves et des riviéres;
3.- Des lagunes quí pourront "devenir des centres
de nouveaux groupements coloniaux.
Géographie et hydrographie
Tout d'abord il y a lieu de réviser ou d'établir
aussi soigneusement que posible la géographie et
Phydrographie des cótes, de faire une étude des fleu-
ves pour grouper tous les renseignements relatifs á
la périodicité des crues, la composition des eaux, la
possibilité d'établir des dérivations, etc.; et, pour les
lagunes, de faire une étude spéciale de chacune d'elles
au point de vue de leur régime d'alimentation.
I*étude des fonds, la détermination de leur nature,
la connaissance de la température de Peau et de son
degré de salinité, quand il s'agira d'eaux saumátres
ou salées, lobservation de la direction. et de lP'inten-
sité des courants fourniront de précieuses indications
au biologiste comme au péecheur.
Meétéorologie
La connaissance des variations barométriques et
des relations qui existent entre la pression et les
phénoménes atmosphériques sera utile au pécheur;
celle de la température, de Pétat hygrométrique de
Pair, de la durée et de Pabondance des pluies, de la
direction et de la vitesse des vents dominants, per-
mettra á Pindustriel de déterminer, par exemple, les
époques favorables au séchage du poisson salé.
Poissons, crustacés et mollusques
L'étude des poissons, crustacés et mollusques, au
point de vue de leur utilisation, permettra de faire
connaitre les diverses industries auxquelles peut don-
ner lieu leur exploitation et la mesure dans laquelle
chacune de ces industries peut étre assurée de trou-
ver, dans les produits de la péche, la matiétre pre-
miére nécessaire á son fonctionnement.
— 10 —
Au point de vue des fleuves et lagunes, elle ren-
seignera exactement sur la valeur des espéces exis-
tantes, Vintérét qwil y aurait a faire disparaitre celles
de peu de valeur, á favoriser la multiplication des
autres ou méme a introduire des espéces étrangéres
aprés la détermination exacte des conditions auxque-
lles elles devront étre adaptables.
Péche
La comparaison du rendement des procédés de
péche actueilement utilisés dans les fleuves, les la-
gunes, sur la cóte ou au large et de ceux mis en
ceuvre dans les différents centres de péche du nou-
veau comme de l'ancien monde, fera connaitre les
moyens auxquels devront s'arréter les pécheurs en
vue d'une exploitation á la fois intensive et rémuné-
ratrice.
Procédés de conservation
Pour la conservation du poisson, comme pour sa
capture, les movens actuellement employés par les
pécheurs de la République Orientale de Uruguay et
ceux auxquels ont recours les pécheurs étrangers
devront étre comparés en vue du perfectionnement
des uns, de la modification des autres, pour obtenir le
maximum de rendement dans les conditions créées
par la situation eéoegraphique du pays.
Produits accessoires
Les produits accessoires des divers genres de péche,
qu'il sagisse de Pemploi de la ligne de surface ou
de celui du chalut, de Putilisation du trémail ou de
celle de la sepne ont une valeur considérable qu'il
sera intéressant de déterminer exactement.
La connaissance de la richesse en azote, acide
phosphorique des poissons de rebut en vue de leur
utilisation pour la fabrication des engrais, de la va-
leur des ceufs comme appát pour la péche aux filets
dérivants, de la teneur en produits iodés des foics de
ES. EL
poissons pour la fabrication de succédanés de ''huile
de foie de morue, de P'intérét que peuvent présenter
les vessies natatoires pour la préparation de Pichthyo-
colle permettra de juger dans quelle mesure une ex-
ploitation de péche pourra compter, par la création
WVindustries annexes, sur une augmentation de ses
bénéfices.
Etude biologique des poissons, crustacés et mol-
lusques, en vue de Ja réglementation de leur
exploitation.
L'étude biologique des poissons, crustacés et mol-
lusques, en vue de la réglementation de leur exploi-
tation, étude forcément longue, ne pourra étre menée
a bonne fin que gráce á des observations constantes
faites par un naturaliste.
Les conditions naturelles dan lesquelles se trouvent
les animaux qui constituent la faune des fleuves, la-
ON et des ecaux baignant le littoral maritime de
la R. O, de PUrueuay sont forcément variables et,
pour la faune cótié re, sont d'autant moins fixes qua
Paction des agents agissant ordinairement sur les
caux de Pocéan vient. s'ajouter un puissant facteur
de modification: nous avons nommé les eaux du Río
de la Plata.
Les migrations des poissons obéissent, Pautre part,
a des lois qu'il rest possible de déterminer que par
des observations s'échelonnant sur un grand nombre
Vannées.
Etablir une réglementation ne sera donc possible
qu'en s'inspirant tout d'abord des réglements existant
chez les nations dont les cótes présentent des condi-
tions voisines de ceiles du littoral de la R. O. de PUru-
guay pour modifier ensuite ces réglements dans les
parties dont Pinsuffisance et le défaut q adaptation
auront été mis en évidence par les études biologiques
pratiquées.
Salines
L'étude des cótes permetira—point intimément lié
á la question péche—d'étudier sl ne serait pas po-
A
sible d'établir des salines qui, en plus du sel nécesaire
áa la préparation du poisson, seraient peut-étre en
mesure de fournir ce produit a Pintérieur de la Ré-
publique, á la capitale, voire méme a lVétranger.
Ces salines ne pourront naturellement étre établies
que sur le littoral baigné par des eaux franchement
salées et dont le degré de salinité est suffisamment
élevé pour qu'elles puissent acquérir, sous P'action du
soleil et du vent, une concentration permettant la
eristallisation rapide du chlorure de sodium.
Epoque de travail
Selon les observations, publications, rapports, etc.,
relatifs á la péche en mer, les poissons industrielle-
ment intéressants se rendent sur les cótes de la R. O.
de PUruguay durant le mois de juin pour repartir
vers le sud au début du mois de mars.
D'autre part, le probleme de la préparation de ces
poissons par le salage, suivi de séchage, est celui
qui parait devoir étre le plus rapidement solutionné.
Enfin les produits ainsi préparés sont assurés de
trouver un débouché immédiat, la population de la
République étant accoutumée a la consommation de
la morue préparée de la méme facon.
Ces considérations militent en faveur du départ d'une
Mission quí étudierait la faune marine et son utilisa-
tion industrielle.
Cette Mission travaillerait, pour une des raisons
précédemment indiquées, tout (Pabord au large des
cótes jusquíáa la limite ou les filéts trainants et les
lienes peuvent étre utilisés avec profit, pour parcourir
ensuite ces mémes cótes, tant pour étudier les espe-
ces qui s'en éloienent peu, que pour déterminer les
emplacements permettant Pemploi de la senne, et
ceux présentant les conditions nécessaires a Pétablis-
sement de petits centres de péche, de salines, de sé-
cheries et ('usines.
En supposant que le voyage á terre de la Mission
se fasse en remontant vers le N. E., uniquement au
point de vue marin, le voyage de retour pourrait étre
mis á profit pour procéder á Vétude des lagunes et
de leur exploitation.
Le personnel Pune telle Mission devrait étre com-
posé de la facon suivante:
—= 13 —
1.0 Un Chef de Mission, dirigeant Vexpédition, ayant
déja effectué des travaux du méme genre 0u préparé
á ces travaux;
2.0 Une ou deux personnes familiarisóes avec les
procédés de fixation et de conservation des animaux
marins pour recueillir, aux fins de leur détermination
scientifique, les échantillons que raméneront les di-
vers engins utilisés;
3.2 Un ou deux marins connaissant la cóte et les
parages a explorer pour indiquer les observations déja
Taites relativement au séjour des poissons aux diver-
ses époques de Pannée, observations qui seront con-
trolées;
4.0 Un marin connaissant le «tranchage» ou mé-
thode de préparation des poissons en vue du salage
suivi de séchage;
9.0 Deux patrons de péche connaissant la manceu-
vre du filet de M. Galcerán, (1) seul filet trainant qu'il
soit possible actuellement d'avoir á sa disposition
pour Pexpérimenter;
6,0 Les marins nécessaires pour armer une ou deux
chaloupes qui se livreront á la péche avec les divers
filets, lignes, nasses, etc., mis en expérience;
7.2 Un cuisinier capable de faire les diverses pré-
parations de polissons: poisson en conserves, en « es-
cabeche », conserves de crustacés, etc.
Autant que possible ce cuisinier devra savoir sou-
der, ce qui évitera la dépense d'un soudeur.
Bateaux, engins de péche, instruments, appareils
Les cótes de Pest de la R. O. de PUruguay, étant
battues par une mer le plus souvent dure et ne pré-
sentant aucun port de refuge ou de ravitaillement, le
bátiment mis á la disposition du Chef de la Mission
devra présenter de bonnes conditions de résistance
et de navigation et posséder des soutes et réservoirs
suffisants pour emporter le charbon et l'eau néces-
saires á un voyage d'un mois. :
Le filet de M. Galcerán, nécessitant Pemploi de
deux vapeurs, son utilisation constante ne sera pos-
sible qu'/avec deux bátiments répondant aux condi-
tions précédentes.
(1) Cet engin, désigné sous le nom de «bou» vest autre que le «baeuf» ou
«grand guangui» des pécheurs de la Méditerrance.
me qu —
Comme instruments pour l'étude des fonds, Ja Mis-
sion emportera diverses sondes, et une drague de
dimensions réduites pouvan éótre relevée 4 la main.
Comme engins de péche en dehors du filet trainant,
la Mission disposera de trémails, de filets dérivants,
VPune senne, de une ou plusieurs nasses et des diver-
ses lignes employées en Uruguay, en France, pour
la péche d'Islande, aux lles Canaries, etc.
Une partie des échantillons récoltés sera conser-
vée pour leur étude scientifique.
L'autre partie, de beaucoup la plus considérable,
sera préparée suivant diverses méthodes afin de dé-
terminer celles donnant le meilleur résultat.
Le produit de la ou des derniéres péches sera
analysé pour que soit connue sa valeur au point de
vue «engrals ».
Ill sera embarqué, en méme temps que Peau et le
charbon, une provision de sel pour le salage des
espéces se prétant á ce mode de préparation; des
barriques ou récipients de bois parfaitement étanches
pour le salage; un certain nombre de caisses de fer
blanc pour la conservation, apres fixation, des échan-
tillons destinés aux études scientifiques, ainsi que les
ustensiles et boites métalliques nécessaires á la fa-
brication des conserves.
Pour le séchage, il sera établi une sécherie dans
un lieu approprié, sécherie construite suivant les prin-
cipes qui régissent Pédification de ce genre de bátiment
dans les pays chauds.
Ses caractéristiques pourraient étre, par exemple:
longueur, 5 m., largueur 3. 50, hauteur au faite, 3
m., parois doubles. Une face avec jalousie pour régler
la ventilation. “Toit de chaume débordant et deux
faux-plafonds incomplets.
Les diverses observations, dont la nécessité a été
précédemment indiquée, seront réalisées au moyen
des appareils suivants:
Aréométre pour mesurer la salinité des eaux.
Thermométres pour les températures de Pair et
de-Peau á la surface et au fond.
Barométre enregistreur pour Pobtention de la courbe
des variations de la pression atmosphérique.
Anémomeétre pour mesurer la vitesse du vent.
Hygrométre, etc.
Enfin la Mission sera pourvue des produits néces-
A —
saires á la fixation et la conservation des types des-
tinés a établir des collections et de deux appareils
photographiques pour prendre les vues destinées á
illustrer le compte-rendu de ses travaux.
Organisation d'une Mission
Monsieur le docteur Julián de la Hoz, qui occupait
intérinement la haute charge de Ministre d' industries,
travail et instruction publique, voulut bien faire há no-
tre projet Paccueil le plus favorable et mettre immé-
diatementa létude les moyens d'en assurer la réali-
sation.
Aprés de multiples démarches, dans le détail des-
quelles il serait superflu Pentrer ici, il fallut se
rendre a une évidence peu consolante: il ny avait,
a Montevideo, aucun bátiment disponible répendant
aux conditions imposées par le travail a effectuer
et rien ne faisait prévoir que le projet de Mission, si
sa réalisation était ajournée, put étre repris plus tard.
Fallait-il abandonner Pidée de donner un essor
nouveau á la péche?*
On ry pensa pas un instant dans les hautes sphée-
res e£ouvernementales. Monsieur le Président de la
République, docteur Claudio Williman, jugea au con-
tralre que lexécution des recherches projetées devait
avoir lieu aussi rapidement que possible, et ce que
Pindustrie privée ne pouvait mettre a notre disposi-
tion fut tres aimablement et tres gracieusement offert
par la marine nationale.
Ee «18 de Julio», splendide vacht-canomniére, fut
mis par Monsieur le Ministre de la LO gé néral
Vazquez, a la disposition de monsieur le Ministre
d'industries, travail et instruction publique
Mais les filets trainants, qu'il avait été possible de
se procurer, exigeaient un second vapeur.
Monsieur le NMinistre des travaux publics, ingé-
nieur J. P. Lamolle, offrit a son tour un de ses bati-
ments á son collegue de Pinstruction publique. Le
«Puerto Paloma» devait rejoindre le «18 de Julio »
lorsque son concours serait nécesaire 4 une date e
en un point fixés avant le départ.
Monsieur P. Galcerán, directeur de Pentreprise de
peéche dont nous avons parlé précédemment, voulut
— 16 —
bien mettre a la disposition du gouvernement tous
les engins nécessalres, établissaní méme a Pintention
de Pexpédition des palangres spéciaux. Et, pour diri-
cer les marins du «18 de Julio», il consentit a se
priver du service de deux de ses milleurs patrons de
péche pour toute la durée des recherches.
Monsieur le Ministre Pinstruction publique nous
fit 'honneur de nous confier la direction de la Mis-
sion qui devait se rendre sur les cótes de PEst.
Sur notre croisiére et les travaux qui Pont suivie,
nous avons adressé 4 Son Excellence Monsieur le
Président de la République un rapport que nous cro-
yons devoir reproduire, en partie, 1c1.
Il permettra non-seulement de se rendre compte
des recherches que nous avons effectuées, mais encore
WVapprécier Pabondance des poissons, crustacés et
mollusques dont la capture est mentionnée chaque
jour et des obstacies qui se sont dressés devant nous
et.contre Jesquelsvauraient, plus encoremallatter: les
exploitations futures si des mesures qui seront certal-
nement prises ne les faisaient en partie disparaitre.
Travaux de la mission
Dans ce rapport, nous indiquons rapidement les
travaux effectués, les résultats obtenus, les observa-
tions faites, les conclusions auxquelles nous sommes
arrivé aprés examen de la question «péche», et les
modifications ou créations qui, selon nous, seraient
nécessaires pour donner a une industrie encore un peu
rudimentaire lenvergure et lessor spécial que favori-
seront les conditions exceptionnelles du climat, les
facilités particulitres que recontreront les entreprises
futures et la richesse de la faune étudiéc.
Avant de commencer notre exposition, nous tenons
a rendre un hommage mérité a la compétence, a la
distinction, au dévouement méme, avec lesquels Mes-
sieurs le comandant du «18 de Julio» et ses officiers
nous ont aidé durant nos recherches.
Nous ne saurions assez dire combien nous avons
été touché des soins dont nous avons été entouré et
du concours que nous ont preté MM. le lieutenant-
colonel B. Valverde, le lieutenant Lagomarcina et
les sous-lieutenants Tagle, Calviño et Rodríguez.
MAS
Nous sommes heureux d'ajouter que MM. les éle-
ves de PEcole navale nous ont apporté, á plusieurs
reprises un précieux concours et ont aidé, de la meil-
leure gráce et avec leur entrain juvénile, léquipage
du «18 de Julio» pour la reléve de la «red de arras-
tre» ou filet trainant et la manceuvre de la senne ou
«red de playa».
Nous devons une mention spéciale + M. Antonio
Valverde, qui a été de toutes les sorties de péche
effectuées en dehors de ses heures de service.
Chaque fois que les circonstances Pont permis, le
travail a commencé des le matin pour se poursuivre
Jusqu'au soir et, quelquefois, tres avant dans la nuit.
Dans les travaux effectués apreés huit heures du, soir,
Messieurs les officiers nous ont toujours accompagné
ainsi que M. A. Valverde, venant parfois de quitter la
garde ou devant la prendre ¡1 notre retour, a minuit.
Messieurs les officiers - mécaniciens ont droit ¡q de
vifs éloges etá nos bien sinceres remerciements. L'o-
bligation de trainer la «red de arrastre» á vitesse
réduite, la disproportion existant entre les puissances
respectives du «18 de Julio» et du «Puerto Paloma »,
la nécessité de maintenir les deux ailes du filet a la
méme hauteur les ont obligés a un travail difficile.
lls ont dú, pendant la péche, modifier constamment
le régime de la machine qui travaillait avec le mi-
nimum de vitesse. Á plusieurs reprises, durant cha-
que coup de filet, Padmission de vapeur devait éter
réduite 3 tel point que le machine cessait de tour-
ner. D'oú: nécessité d'augmenter lPadmission de va-
peur, départ trop rapide de la canonniére et nouvelle
obligation de diminuer la vitesse, entrainant un nou-
vel arrét de la machine.
Partie anecdotique
Dans la matinée du 11 Janvier 1909, accompagné
de notre adjudant, nous nous sommes rendu á bord
de la canonniére «18 de Julio», sur laquelle s'étaient
embarqués, des la premiére heure, les patrons de
péche, J. Rocatagliatta et Y. Alzo, munis des engins
de péche mis généreusement a notre disposition par
M. Pedro Galcerán.
Les livres, instruments, réactifs nécessaires pour
== 18
recueillir et fixer, en vue de leur détermination scien-
tifique, les divers échantillons de la faune marine,
les caisses pour la préparation du poisson salé, les
boites métalliques pour la préparation des conserves,
directement envoyés au móle Maciel, furent immé-
diatement embarqués ainsi qu'une drague de tres pe-
tites dimensions tres aimablement preétée par le Di-
recteur du Musée national, M. le Professeur José
Arechavaleta.
Pour la partie photographique, nous étions pourvu
un appareil *;¡, qui nous est personnel, et de deux
appareils 4 main %/, tres gracieusement pretés pour
la durée du voyage P'un par M. A. Danovaro, Pautre
par la maison Lois et Cie.
Enfin divers instruments de météorologie, mis á
notre disposition par notre excellent collegue M. Mo-
randi, Directeur de la Station physico- climatologi-
que, complétaient notre outillage scientifique.
A bord du «18 de Julio» avaijent été embarqués le
sel, Phuile et les condiments nécessaires, d'une part
a la préparation du poisson salé, (Pautre part a la
fabrication des conserves. |
Une sécherie pour le poisson salé, exécutée sur
nos plans et entiérement terminée avant notre départ,
devait étre établie dés notre retour, dans les dépen-
dances de PInstitut agronomique, a Sayago, sur un
emplacement choisi á Pavance.
A 4 heures de Papres-midi, nous quittions le port
de Montevideo faisant route vers est.
Aprés un excellent voyage effectué á vitesse réduite,
vitesse que la brume obligea á diminuer encore au
lever du soleil, nous arrivámes en vue du cap Santa
Maria. Pour nous procurer Pappát nécessaire a la pe-
che, nous stoppaámes a 6 h. 1/2 et une embarcation
fut mise á la mer avec six marins et les deux pa-
trons de péche pour tendre une piéce de trémail. Les
eaux ótant particuligérement claires, la péche fut peu
abondeante.
La capture des poissons destinés á fournir Pappat
pour les palangres s'effectue, ordinairement, apres le
coucher du soleil et avant son lever. Les préparatifs
du départ ayant fatigué Péquipage nous nlavions pas
cru devoir lui inposer la péche de nuit.
A S heures, nous faisions route vers le Cap Santa
Maria et, 410 heures, nous jetions Pancre dans l'est
du cap. La péche au palanere commencait aussitot.
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|
|
|
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16
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26 27 26
- 27 27
2
Plan de la rade de Maldonado
a —
Dans l'apres-midi, elle fut effectuée avec les pa-
langres, «el aparejo» (1) et les trémails.
Cette premiere journée nous mit en possession de
onze especes de poissons, dont un splendide échanti-
llon de «curbina negra», et nous permit de faire une
observation intéressante, qu'il devait nous étre donné
de répéler tréqueren au cours de notre voyage:
c'est l'inutilisation de 25 á 30 %/. des hamecons des
palangres par suite de Pabondance d'étoiles de mer
qui se fixent sur Vapp: ete gl á la vue des
poissons, réduisent l'effet utile de Y engin dans lPénor-
me proportion indiquée.
Ajoutons qu' un certain nombre de mollusques gasté-
ropodes («caracoles» des pécheurs), ramenés par
le palangre, se fixent également sur Pappat mais,
heureusement, dans une proportion beaucoup plus
faible.
A un certain nombre d'hamecons adhéraient des
algues auxquelles étaient fixées des moules («meji-
llones ») dont la taille ne dépassait pas 2 cm. 5.
Le 12, dans la matinée, nous fimes route vers le
sud pour nous rendre sue le bane du «Cabezon »
oú la péche fut effectuée, dans lPapres-midi, au mo-
yen de palangres préparés spécialment pour travai-
ller dans les grandes profondeurs,
Mais le vent fraichissant et le barométre baissant
VPune facon persistante, ordre était donné aux pé-
cheurs, tres peu de temps apres qu'ils eurent posé
les palangres, de rejoindre le bord et le «18 de Ju-
lio» fit route vers «Punta del este ».
Durant la journée, nous avons traversé, a plusieurs
reprises, de larges ltaches rougeátres formées par
une «infinité de petits corpuscules que les marins
affirment étre des ceufs de poissons.
L'examen microscopique, pratiqué sur des échan-
tillons recueillis dans des endroits tres différents, a
montré que ces taches sont dues á la présence d'un
nombre extrémement considérable de colonies d'al-
gues, en forme de bátonnet, appartenant au groupe
des chlorophyeées ou algues. vertes.
L'aspect rougeátre que présentent ces agglomóra -
(1) El «aparejo» est une ligne trés fortement plombée et munie de deux ou plu-
sieurs hamecons dont la grosseur varie avec la taille du poisson que Pon cherche
á capturer, elle rapelle la ligne dont se servent les canariens pour pécher sur la
-cóte occidentale d'Afrique et qwils utilisent soit du bord de leurs goelettes, soit de
celui des «lanchas».
o)
A
tions doit étre dú á la superposition du vert des al-
gues et du bleu de Peau, les observations ayant été
faites au moment du passage de la canonniére sur
des fonds de plus de vingt brasses.
Le 13, a 7 heures 1/2 du matin, le «18 de Julio »
prenait son mouillage entre «Punta del este» et
PVile Gorriti. La mer de fond, un peu forte, et un
vent violent du S. S. E. ne permettent pas l'emploi
des trémails qui seraient entráinés á la dérive. Les
palangres sont placés á la pointe, prés des brisants.
Dans Vapres-midi, nous allons donner quelques
coups de senne (red de playa), mais devons pren-
dre de grandes précautions, car Vatterrissage est
difficile avec une baleiniére et plusieurs maríns doi-
vent se mettre á Peau pour redresser le bateau que
les vagues menacent de rouler sur le sable.
Plusieurs coups de senne nous fournissent une
quantité assez considérable de «pejerreyes », dont
quelques-uns de trés belle taille et quelques petits
«anchoas» désignés par les pécheurs sous le nom
de «bureles» 0u «anchoítas ».
La journée du lendemain est employée a Pétude de
la plage et de la cóte de Píle Gorriti.
Les palangres, placés dans le canal qui sépare la
plage de Píle et tendus de «Punta del este» a la
pointe de Pile Gorriti, fournissent une péche assez
abondante, composée de poissons appartenant a onze
especes différentes, avec prédominance marquée des
«curbinas ».
Les rochers de Pile portent quelques mollusques
tels que patelles, fissurelles, moules de petite taille
et d'assez nombreux cirrhipedes du genre Balanus.
Les pécheurs désignent sous le nom de «muelas »
ces derniers animaux et sous celui de «lapas» les
patelles et fissurelles.
Nous observons un grand nombre de coquilles re-
jetées á la plage par les vagues, coquilles de mol-
lusques appartenant surtout au groupe des lamelli-
branches: huitres, moules, cardium, pecten, etc. Ces
coquilles, et un certain nombre de dépouilles de
gastéropodes, sont en assez mauvais état.
Nous en ramassons cependant de nombreaux échan-
tillons en choisissant les mieux conservés.
Le péche au trémail, effectuée sur la cóte de Pile,
dans la partie interne, ne donne que peu de résul-
tats.
y
Dans le soirée, nous nous rendons a Punta Ballena
et, malgré un vent trés violent, une embarcation
armée pur les officiers et nous-méme péche prés de
la cóte jusqu'a minuit. Mais le courant, trés violent,
entraine rapidement «el aparejo» le relevant 4 une
certaine distance du fond et il nous faut regagner le
bord sans capture.
Une partie du poisson péché dans le journée est
tranchée sur nos indications et mise en saumure dans
des caisses fabriquées pour cet usage.
Le lendemain, des la premiére heure, la peche est
tentée á la plage et pres des rochers. A la plage les
requins-marteaux sont tres abondants. Peu de pois-
sons. La mer rejette sur le sable quelques mollus-
ques lamellibranches désignés par les pecheurs sous
le nom de «almejas ».
L'insuccés de la péche au filet peut étre attribué:
WVune parta la trasparence excessive des eaux, d'autre
part a Pabondance des requins et, enfin, aux régles
encore insuffisamment connues auxquelles obéissent
les variations de Pabondance du poisson. La saison
est-elle propice? La température, le vent, le courant,
sont-ils favorables á la peéche? Autant d'inconnues
que des observations suivies permettront de déter-
miner.
Aprés ótre retournés a «Punta del este», nous
péchons dans la nuit et quatre palangres seulement
raméenent plus de quatre-vingts piéces apres une,
heure de pose. A noter que la chair de requin donne
comme appát, des résultats tres inféricurs á ceux
obtenus avec la «lacha ».
Une nasse en fil de fer ne raméne aucun poisson
mais de tres nombreux échinodermes («estrellas de
mar »).
La journée du dimanche est mauvaise. Le vent et
la mer nous mettent dans Pimposibilité de pecher,
tant avec le «palangre» qu'avec le trémail ou la
«red de playa ».
La mer étant un peu basse, nous en profitons pour
faire, en compagnie de notre adjudant et du sous-
lieutenent Rodríguez, une excursion dans les rochers.
Les moules y existent en quantité considérable, for-
mant un véritable tapis. Mais la plupart de ces mol-
lusques sont de taille réduite. De ci, de la, on aper-
coit des échantillons plus grands. En retournant les
JD)
pierres nous trouvons de beaux exemplaires et il nous
est facile d'en ramasser rapidement un grand nom-
Dre.
Fixées á des morceaux de roche, se rencontrent des
huitres de taille réduite, de forme assez réguliére et
dont le goút rappelle, celui de Phuitre connue en
France sous le nom de «huitre portugaise ».
En dehors des moules et des huitres, la faune est
composée par des patelles, des balanes tres nom-
breuses, quelques annélides, actinies el des crabes de
dimensions réduites.
Dans Papres-midi, profitant une diminution dans
pe du vent, nous pechons au moyen de la
«red de playa» avec le méme -résultat que les jours
précé en
Des renseignements recueillis sur place il résulte-
ralí que la péc he est beaucoup plus fructeuse en hiver
qu "en été.
Le vapeur «Puerto Paloma», du Ministére des tra -
vaux publics, arrive dans la soirée.
Le temps devient mauvais, le ciel est sillonné de
nombreux éclairs et le «18 de Julio» doit changer de
mouillage pour se mettre a Vabri de Pile Gorriti.
Dans la nuit, le vent fraíchit encore plus. Le 18 au
matin il est impossible de songer a prendre la mer
avec le «Puerto Paloma», d'autant moins que la ma-
nocuvre du filet trainant, particulicrement pénible par
beau temps, serait impossible avec une mer aussi
agitée.
Le soir, les: trémails, relevés au bout de deux
heures de pose, raménent uue énorme quantité de
«lachas», de nombreuses «palometas» et des moules
d'assez grande taille, auxquelles adhérent quelques
coquilles d'huitres
Dans la nuit, le temps étant un peu moins mauvais,
le «18 de Julio», O le «Puerto Paloma», fait
route au S. puis E N -E.
Le 19 au matin, la dee de arrastre» est mise a Pleau
une premiére fois, pour régler son fonctionnemént et
étudier sa manoeuvre, dans l'anse précédent le phare
e José Ignacio par 13 brasses de fond, avec vent O-
S-0 assez faible, mer calme, houle de fond, et eaux
tres claires.
Apres avoir été trainé pres de deux heures, le filet
est relevé ramenant des «lachas», des « palometas» et
d'assez nombreuses méduses.
O. —
Le poisson ramené a été capturé pres de la super-
ficie. Le filet Wa pas du aller au fond. Neuf, il est en-
core trop léger. En dehors du poids que va lui faire
acquérir son imprégnation d'eau, il y aura lieu de
diminuer le nombre des liéges, (augmenter celui des
plombs a la partie inférieure et de réduire la vitesse
des vapeurs, en les maintenant á une distance moindre
que durant le premier essal.
Ces modifications exécutées, le filet est mis 4 Peau
dans l'aprés- midi 42 heures par 19 brasses */, d'eau,
la sonde indique: fond de sable et vase. Vent E-S-E.
Mer calme avec faible houle de fond.
Au bout de deux heures environ, le filet est relevé.
lla encore péeché 4 une profondeur insuffisante. ll ¿
dú, cependant, toucher le fond, car il raméne des es-
peces se tenant sur le sable; mais durant peu de temps..
peut-étre seulement au déparí ou au moment de la
reléve.
De retour +4 Punta del este, nous faisons tendre les
palangres en utilisant comme appat diverses espéces
de poissons capturées le matin et des «lachas» de
la veille conservées par Pemploi dun sel de soude.
En relevant les palangres, les pecheurs constatent
que ceux amorcés avec de la «lacha» fraiche sont,
comme il fallait sy attendre, ceux qui, dans le cas
de Pemploi de poisson frais, ont capturé le plas grand
nombre de poisson. La «lacha» conservée a donné,
selon les pecheurs, des résultats supérieurs há ceux
de la «lacha» fraiche.
Parmi les poissons capturés, les «brótulas» domi-
nent comme nombre, viennent ensuite les «pescadi-
llas», puis les «congrios» et les «curbinas».
Les petits squales, désignés sous le nom de «ca-
zones», sont, comme toujours, tres nombreux.
Le 20 janvier souffle un tres fort vent d'E-N-E.
Impossible (aller au large utiliser le filet trainant,
impossible méme, le matin a 4 heures, de poser les
trémails et les palangres.
Le «18 de Julio» va mouiller non loin du móle de
Cavalo et nous descendons á terre pour nous rendre
compte de ce que peut donner la «red de playa »
sur cette partie de la cóte.
Nous capturons, soit á droite, soit há gauche du
mole, des «pejerreyes». Les mulets (lisas) sont abon-
dants mais ne se laissent pas capturer facilement.
0
Un haut-fond qui se trouve á quelque distance de la
plage, sur toute la cóte, rend difficile l'emploi de la
senne.
L*aprés-midi est employé ¡a explorer la cóte avec
le méme engin, entre le móle Cavalo et Punta del
este. Le filet raméne de nombreux «pejerreyes»,
«anchoítas», etc., au milicu desauels nous trouvons
quelques «sardinas» et un poisson de petite taille,
que les pécheurs disent ne pas connaitre.
Le soir, le «18 de Julio» reprend son mouillage a
Punta del este et les palangres, tendus de 8 heures
á 10 heures, fournissent une péche abondante. Les
«brótulas», en grand nombre, sont de tres belle taille
et la «pescadilla» domine.
La péche de nuit, avec la ligne plombée, effectuée
du bord, donne des «curbinas» et des «pescadillas »
en assez grande quantité ainsi que des «pargos», mais
moins nombreux.
Dans la matinée du 21, nous partons vers l'est
pour utiliser la «red de arrastre» mais par de faibles
profondeurs, les patrons de péche insistant sur la
convenance qu'il y aá ne pas travailler avec plus de
6 á S brasses de fond.
I'engin est mis a Peau á S heures en face de Pem-
bouchure de Parroyo San Carlos. Le relevement du
point de mise á Peau est 43 milles */, de 'ile Lobos,
a 1 mille '/, environ de la cóte. La sonde indique:
fond de sable fin et une profondeur de 10 brasses !/,
Le vent souffle de Pest, un peu frais, avec,une ten-
dance á fraichir davantage. Ciel clair, mer risée. Le
eccurant porte á Pouest, la mer baisse légéerement.
La «red de arrastre» est relevée á 10 heures. Le
poisson capturé est excessivement abondant. La poche
du filet, que doit maintenir fermée une couture faite
avec une corde de grosseur moyenne, est ramenée
ouverte. Peut-étre la corde a-t-elle été rompue par
un requin cherchant a happer un poisson emmaillé?
Peut-étre le fait est-il du á une négligence des pé-
cheurs ayant oublié de nouer solidement la couture?
De toute facon C'est lá une circonstance heureuse
car, si la poche avait été pleine, il eút été absolument
impossible de relever lPengin.
Malgré cette ouverture (qui n'intéresse qu'une tres
faible partie de la face supérieure) le poids du pois-
son capturé dépasse trois tonnes.
A —
Les individus qui ne sont pas maillés (dont la téte
n'est pas engagée dans les mailles du filet) sont ra-
menés parfaitement vivants et, tres nombreux, sont
ceux qui parviennent a fuir pendant la reléve de Pengin.
Cette reléve est particulicrement pénible. Malgré
le nombre des marins qui y emploient toutes leurs
forces et auxquels se joignent les cadets de l'Ecole
navale, malgré l'était remarquablement favorable de
la mer, il faut un travail énorme pour ramener les
ailes du filet sur le «18 de Julio» et le «Puerto Pa-
loma » respectivement et, ensuite, la poche le long du
bord du «Puerto Paloma» sur lequel se termine la
manceuvre.
Puis il faut un temps considérable pour faire passer
les poissons capturés de la poche du filet sur le pont
du vapeur, opération effectuée par un patron pecheur
s'aidant d'une grande cuiller faite en filet («salabardo»).
Les espéces capturées sont relativement nombreu-
ses et tres abondantes. Les «pescadillas », qui domi-
nent, sont de taille moyenne; les «curbinas », qui vien-
vent ensuite comme importance, sont tres belles. Les
raies sont abondantes et appartiennent á trois espe-
ces différentes, Pune d'elles atteint une taille consi-
dérable. Les «chuchos» sont, comme dans toutes les
péches, nombreux; les requins appartiennent a trois
espéces et quelques-uns, notamment les requins-mar-
teaux, atteignent une taille qui les rend dangereux a
bord et plusieurs sont rejetés a la mer.
Les «brótulas» sont de belles dimensions et nous
notons, pour la premiére fois, la présence, parmi les
espcces capturées, du «pez sable» ou «pez espada»
représenté par plusieurs exemplaires.
Enfin les crustacés et mollusques, désignés par les
marins sous les noms généraux de «cangrejos» et
«caracoles» forment un lot important auquel sont
joints quelques échinodermes («estrellas de mar»).
Les opérations de péche une fois terminées, le «18
de Julio» et le «Puerto Paloma» reprennent la route
de Punta del este.
Tout Papres-midi est employé au tranchage, lavage
et salage des «pescadillas» et des «curbinas». Pour
éviter que le poisson ne se décompose, il est néces-
saire de procéder rapidement et, quelques marins
seulement ayant acquis la pratique du tranchage tel
qu'il s'effectue a Terre-Neuve, avec le Commandant
ED
et les officiers nous nous joignons a eux. L'apres-midi
entier est consacré á ces opérations et, le soir, étant
donné la fatigue de tous, la péche de nuit ra pas lieu.
Les patrons de peche sont d'ailleurs immobilisés par
la préparation du filet pour la péche du lendemain.
Le 22, en effet, des la premiére heure, commen-
cent les préparatifs pour un coup de filet a donner entre
Pile Gorriti et la cóte.
A 7 heures */, Pengin est mis á leau, le «18 de
Julio» et le «Puerto Paloma» commencent le halage.
Vent N-N-E. Fond de sable fin. Profondeur de Peau,
3 a 6 brasses. Ciel pur, mer á peine risée et sans
houle.
T*opération est conduite, comme toujours, avec la
plus grande prudence; les deux bateaux surveillant
réciproquement leur marche, les ordres (par coups
de sifflet) partant du «Puerto Paloma». Au bout de
peu de temps, nous remarquons, du 18 de Julio, que
le «Puerto Paloma» n'avance pas, bien que son hé-
lice batte «en avant». Puis, brusquement, il se remet
en marche, gagnant rapidement sur la canonniére,
Le cáble que nous remorquons est á peine tendu
et, aprés avoir stoppé la machine, nous le ramenons
avec quelques lambeaux du filet.
Le «Puerto Paloma», de son cóté, ne ramene éga-
lement que les débris de Paile qu'il trainait.
Revenant en arriére et croisant sur le point ou
était approximativement la poche au moment de la
rupture, il retrouve les deux bouées attachées á la
partie postérieure du filet, partie qu'il est possible de
ramener sur le vapeur aprés des efforts énormes et
plusieurs tentatives infructueuses.
I'engin semble accroché au fond et on remonte
avec lui quelques débris de bois portant des plaques
de cuivre dont le peu d'épaisseur fait supposer que
ce sont lá les restes d'une embarcation de faibles
dimensions.
Aux lambeaux du filet ramenés sur le «18 de Julio»
adhéraient deux longs morceaux de cáble d'acier de
la grosseur d'un crayon ordinaire, sar lesquels étaient
fixées des coquilles d'huitres et quelques moules.
Le Commandant Valverde passe, avec nous, sur le
«Puerto Paloma» et, pendant plus d'une heure, nous
essayons de retrouver lPobjet qui a pu arréter le filet.
Avec la sonde como avec le grappin il est impossible
de rien découvrir, malgré la méthode parfaite avec
laquelle sont conduites les recherches.
Par prudence, le Commandant Valverde fait mouil-
ler une bouée, faite d'un baril métallique de peinture,
afin de signaler le parage oú s'est produit Paccident.
Durant Paprés-midi, nous nous livrons á la péche
aux palangres avec le méme succés qu'au cours des
précédentes opérations.
Le 23 au matin, le cinquiéme essai de filet trainant
est tenté dans le S-O du Cap «Santa María». L'en-
gin est mis á l'eau á 6 heures '/. en maintenant la
route au voisinage de la cóte, car le fond augmente
assez rapidement, passant de 8 á 10 brasses, á la
cóte, á 15 brasses á quelques milles seulement de
cette derniéere. L'engin est mis á l'eau par 11 brasses
de fond sur un sol de sable grossier et coquillier.
Au bout de quelque temps de marche parallélement
á la cóte dans la direction cap Santa María: cap José
Ienacio, le filet, dont les cábles aceusent un frotte-
ment tres dur sur le fond, est relevé rompu sur les.
parties latérales etavec la partie inférieure endomma-
gée. Les plombs du cáble inférieur sont rayés profon-
dément, comme si le filetavait trainé sur de: la roche
Il est possible que la couche de sable grossier el
coquillier r'ait que tres peu d'épaisseur et recouvre
une roche gréseuse á gros élémentes.
L"emploi d'instruments spéciaux, qu'il a malbeureu-
sement été impossible de se procurer a Montevidéo,
nous aurait renseigné á cet égard.
Les parages oú a éte donné le coup de filet parais-
sent extremement riches car la partie postérieure de
Pengin renfermait déjáa un grand nombre de poissons
fins.
Nous faisons poser quatre palangres qui, relevés
au bout de moins d'une heure, fournissent un rende-
ment important en «brótulas», magnifiques, «curbi-
MAS», etc.
Les deux vapeurs se dirigent ensuite vers «Punta
del este» ou nous employons Papres-midi en péchant
avec les «palangres» et les trémails.
Enfin, le 24 au matin, aprés une excursion á terre
pour examiner Pemplacement oú des installations
avaient été établies, il y a plusieurs années, par une
entreprise ayant en vue Pexploitation de salines arti-
ficielles, le «18 de Julio» léve Pancre faisant route
vers «Puerto inglés».
I'apres=midi est consacré ¡1 des recherches sur la
plage et une visite á ce qui reste d'une ancienne sa-
line située á une faible distance de la maison de
la douane.
Cette installation, tres rudimentaire, v'aurait pas
donné de résultats par suite du manque d'étanchéité
des bassins d'évaporation.
I'excursion nous donne Poccasion de constater
(comme nous lPavons fait a Punta Ballena) l'exis-
tence, dans les excavations des roches, de cristalli-
sations de sel parfaitement blanc.
La péche, effectuée avec six palangres, donne un
excellent résultat. Les poissons les plus remarqua-
bles sont les «brótulas» tres nombreuses et de tres
belle taille, les «curbinas », etc.
Enfin dans la nuit du 24 au 23, 3. une heure du
matin, nous faisions route vers Montevideo.
Dés notre arrivée, nous nous sommes occupé de
faire transporter, du «18 de Julio» á notre labora-
toire de l'Institut agronomique, á Sayago, le maté-
riel de la Mission.
Le charpentier recevaitimmédiatement Pordre d'ins-
taller, dans les dépendances de l'Institut agronomique,
la sécherie á poissons préparée avant notre départ.
L'installaticn de ce bátiment, retardée par des
pluies, s'est effectuée sous notre direction et, gráce
aux précautions prises, nous n'avons eu aucune mo-
dification á y apporter.
Géographie, hydrographie, climatologie, etc.
Dans ce rapide travail, nous laisserons de cóté la
eéographie et 'hydrographie et ne dirons que quel-
ques mots sur le climat.
L'Uruguay, situé géograpbiquement entre les 3005
et 350 de latitude Sud et les 56015” et 60045 de lon-
citude ouest du méridien de Paris, est placé dans la
zone tempérée. Les chaleurs excessives y sont in-
connues et ce n'est que rarement et pour quelques
heures que le thermométre baisse au-dessous de 00,
Selon les observations s'étendant de 1893 á 1897,
la moyenne actuélle est de 1694,
Le tableau suivant donne une idée des variations
de la température durant Pannée:
O
' Decembrer.. e qamado009
A A A SL MAnvier + E OZ
Urevrier 1. IIA
| Mars a ZOO
AU ERES AAA A lO
|. . Tte 19948
: ' UI a AN 9078
ens EOS allez... o LT 9:90
tios o e de e EDESA
' Septembre, . . . 1228
EAEL—pS .: . A MOcGLtoObre. . 00000 LU AAS69
/ Novembre: 21 .3:010%) "1898
Les conditions excessivement favorables du climat
expliquent le faible pourcentage de la mortalité qui
est de 14 %o0. a Montevideo, tandis que lon reléve
15 %o00 a Buenos Aires; 16 %o00 á Río de Janeiro, á
Berne, á Londres; 18 %o. a Paris; 19 %o0o á Rome,
Berlin etá la Havane; 20 %o0 a Wáshington; 23 %oo
en Irlande; 25 %00 á Saint-Pétersbourg; 27 %oo a Ma-
drid; 32 %oo a Mexico; 34 %oo a Lima et 41 %o0o a Val-
paraiso.
Il y a licu dajouter que la vie sur le littoral est plus
agréable que dans P'intérieur de la République, Pocéan
jouant le róle dun puissant régulateur de tempéra-
ture.
Au point de vue des facilités de la navigation, il
faut faire remarquer que la moyenne des jours de
brume ou de pluie est inférieure a celle de beaucoup
WVPautres pays et tres éloignée de celle des des para-
ges de péeche les plus fréquentés.
La réduction du nombre des jours de pluie est
particuliérement intéressante au point de vue de la
préparation du poisson séché.
11 pleut eun moyenne 70 jours par an, tandis qu'á
Madrid le nombre s'éleve a 85, A 88 a Rio Janeiro;
139 a Sidney; 144 a Vienne, etc.
La température et la pluie créent done en Uruguay
des conditions beaucoup plus favorables qu'en France,
Angleterre, ltalie, Espagne, Autriche et Allemagne.
Au point de vue de la péche, il y a lieu de com-
pléter les cartes actuelles, dont les indications sur
la nature des fonds sont absolument insuffisantes.
Enfin, en ce qui concerne plus particulicrement les
approches des ports existants ou en projet, il serait
O
important de publier les résultats trés intéressants
des recherches partielles eftectuées par POfficine hy-
drographique du Ministére des traveaux publics.
Poissons, crustacés et mollusques
Poissons. — Nous donnerons ici la liste é peu pres
complete des poissons connus de pécheurs. Durant
notre croisiére qui a été trés limitée au point de vue
«temps» comme au point de vue «étendue» le nom-
bre des espéeces de poissons capturés a été de tren-
te-cinq, tout au moins en prenant leur désignation
vulgaire, le nom que leur donnent les pécheurs.
Scientifiquement ce nombre doit étre tres sensi-
blement supérieur, un méme nom vulgaire désignant
souvent plusieurs especes nettement distinctes ce qui
a lieu, par exemple, pour les mulets ou «lisas », les
rales 0u «rayas », les requins ou «tiburones », etc.
Dans Pénumération des especes de la faune marine,
nous avons adopté lPordre alphabétique et non la
classification par familles. L'exposition est ainsi beau-
coup plus claire pour les premiers intéressés, C'est-á
dire les pécheurs.
En ce qui concerne la profondeur á laquelle sont
péchées les diverses especes, nous croyons devoir
rappeler qua part de tres rares exceptions, que nous
signalons, elle est comprise entre quatre et dix bras-
ses.
Jusg/a lPépoque de notre Mission il n'avait pas été
péché a une plus grande profondeur. Au cours de la
partie anecdotique nous donnons, d'ailleurs, les son-
des des endroits sur lesquels ont été faits les divers
«dlans» de filet trainant et sur lesquels nous avons
utilisé les palangres.
ANCcHOa. — Deux espéces appartenant á deux genres
différents sont désignées par les pécheurs sous le
nom anchoa. Cezsont le Pómatomus saltatriz (L.)
dont la forme jeune est désignée sous le nom de
«burel» et le Stolephorus olidus (Gthr.) dont la forme
jeune est connue sous le nom de «anchoíta».
Lespece la plus commune est la premiére. L?an-
zhoa est tres abondant pendant toute Pannée et plus
spécialement durant les mois de mai et de juin. On
y
le péche plus particulicrement avec le trémail et sa
chair est tres recherchée á Pétat frais. ll peut four-
nir la matiére premiére d'excellente conserve. '
"anchoa s'est montré peu abondant au cours de
nos travaux de recherches effectués d'ailleurs en de-
hors de la période d'abondance de cette espece. 11 n'y
a pas lieu de s'en étonner car certaines années ce
poisson est tres rare et cela a précisément été le cas
durant la premiére moitié de 1909.
ANcHoíiTa.—Nom donné á la forme jeune: du Sto-
lephorus olidus (Gthr.).
ANGEL.—Squatina squatina (L.)—Ce poisson est
connu en Furope sous le nom de «ange de. mer».
On le rencontre toute llannée sur la cóte de Pocéan,
par des fonds de dix brasses et au-dessus et de
préférence sur un sol sableux.
On le capture surtout avec les filets trainants, quel -
quefois avec le trémail et le, pécheurs se, plaignent
de son abondance. Il p'est pas, en effet,* utilisable
dans létat actuel de Pindustrie de la péche en Uru-
guay. Sa peau peut servir de papier á polir.
ARENQUE.— Clupea maderensis (Low.).—Ce poisson
a été assez peu fréquemment péeché et toujour en tres
petite quantité.
BAGRE DE MAR.— Tachyurus barbus (Lacep.).—Les
jeunes de cette espece sont désignés, lorsqu'ils ne de-
passent pas 15 á20 centimétres, sous le nom de «mo-
chuelos».
Le bagre est capturé toute Pannée, par des profon-
deurs de trois á vingt brasses et sur des fonds de
vase.
Non-seulement on le péche en mer mais aussi en
eau saumátre. ll est capturé plus spécialemente soit
avec les lignes de fond soit avec les «palangres»:
Quelques exemplaires atteijgnent une tres belle taille.
Classé comme poisson ordinaire, parmi les pois-
sons consommés á létat frais, il se préte parfaite -
ment au salage etau séchage. En conserve, il simule
assez exactement le thon. C'est d'ailleurs sous ce
nen que certains revendeurs lPofftrent méme a Pétat
rals.
DO,
Son abondance relative en fait un type intéressant.
BAGRE saPo.-- Porichthys porosissimus (C. V.).—
Cette espece qui s'est montrée peu abondante au
cours de notre croisiere n'est jamais représentée que
par de peu nombreux échantillons. Elle Ya donc que
peu d'intéret. |
Le P. porosissimus présenterait des phénoménes de
phosphorescence qu'il ne nous a pas été donné P'ob-
server,
Bestco.-— Pagrus pagrus (L.). — Voir ParGO COLO-
RADO.
-_ Banburria.—AEhinobatus parcellens (Walb.).—Voir
GUITARRA.
Bonito. — Sarda sarda (Bloch.). — Cette espéce peu
abondante r'apparait sur la cóte qu'á certaines épo--
ques. Nous ren avons capturé aucun exemplaire. Sa
péeche exige soit Pemploi de filets d'une étendue con-
sidérable, non utilisés en Uruguay, soit celui de la
ligne de surface ou «currican» trainée par des voiliers
rapides. Le «bonito» r'atteint jamais de grandes di-
mensions. ll se préterait á la fabrication de conserves
s'il était plus abondant.
Brota.—Urophycis brasiliensis (Caup.).—Voir BRÓó-
MUA
BrótuLa.— Urophycis brasiliensis (Caup ). Poisson
tres fin et relativement abondant pendant toute Plannée
et plus spécialement durant le mois de Juin.
II se tient sur les fonds de vase et se péchait avec
le «palangre» et la ligne de fond avant Pemploi du
filet trainant. Les amorces qui donnent le meilleur ré-
sultat sont, comme pour presque tous les autres pois-
sons capturés a Paide de l'hamecon: la «lacha», le
congre. etsie tcrale:
Excellente á Pétat frais, la «brótula» peut servir á
la préparation de tres bonnes conserves. C'est une des
especes les plus appreciées et les plus recherchées
tant a Montevideo qu'a Buenos Aires.
BurEL.— Pomatomus saltatrixa (L.).—Forme jeune
WVune des espéces désignées sous le nom d'«anchoa».
APN
El
Fig. 1.—Pescadilla de red. — Sagenichthys aneyclodon (Bl.)
Fig. 2. — Bonito. — Sarda sarda (Bl.)
Fig. 3.—Lacha.— Clupea pectinata (Jen.)
PA
LID
Ñ lA
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0]
E
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AN
y
98)
BURRIQUETA.—Sciauena adusta (Ag.).-—Espece re-
cherchée mais peu abondante durantla majeure partie
de Pannée. C'est seulement en hiver qu'on la capture
en certaine quantité,
CABALLa.— Scomber scombrus (L.).—Cette espece se
tient surtout au large et ce rest que lorsque les gros
temps Pobligent a chercher un refuge á la cóte qu'elle
pénétre dans la zone de peche, c'est-¿-dire par des
fonds de trois á dix brasses. Parfois méme elle re-
monte dans le Rio de la Plata, mais jamais en grande
quantité.
-— Cest plus spécialment en hiver qu/on la capture,
soit avec la ligne de surface, soit au trémail ou a Paide
des filets trainants.
Elle est considérée comme un poisson fin.
CAGAVINO.— Stromateps maculatus (C. V.) —Pois-
son relativement peu abondant, sauf a Pentrée de P'hi-
ver. On le péeche indifféremment sur des fonds de
sable Ou de vase et Clest au trémail qu'on le capture.
De faible valeur comestible, il serait toxique toute
Pannée, au dire de certains marins.
Comme sa chair est tres grasse on pourrait en ti-
rer un certain parti pour la fabrication de la graisse
de poisson.
CAzóN.— Galeus canis (Miteh.).—Le «cazón» est la
forme jeune d'une espéce qui, adulte, est désignée
avec un certain nombre d'autres sous le nom de «ti-
buron ».
Le Galeus canis est toujours abondant. Au cours
de notre croisiére, nous en avons capturé de trés
nombreux exemplaires et cela avec tous les engins
utilisés, qu'il s'agisse de la ligne de fond ou du trémail,
du palangre ou du filet trainant employés a la plage
ou par de grands fonds. L'aire de distribution de cette
espece est considérable. On la rencontre dans le Rio
de la Plata et elle pénétre jusqu'áa lextreme limite
des eaux saumátres, presque en eau douce.
La présence de trés nombreux «cazones » est une
des causes qui réduisent dans de grandes propor-
tions lPefficacité du palangre dont'ils arrachent ou
inutilisent un grand nombre d'hamecons.
— 4 —
Cuancurro.— Pinguipes fasciatus. (Jen.)--Ce poisson,
peu abondant, a une chair tres délicate qui en fait une
des especes les plus recherchées.
On le capture en petit nombre durant toute Pannée
mais plus spécialement en hiver et sur des fonds de
sable.
Au cours de notre croisiére nous Wenavons péché
que tres peu et durant les derniers jours.
CuucHo.— Deux especes appartenant á des genres
tres différents sont désignées par les pécheurs sous
le nom de «chucho». Ce sont le Dasybatis pastinaca
L. relativement peu abondant et le Myliobatis aquila
L. représenté dans les captures par de nombreux
échantillons. Ces poissons sont désignés en Furope
sous le nom «d'aigles de mer».
Assez fréquemment les types de cette derniére es-
péce présentent deux épines a la partie postéricure
du corps. Les pécheurs prétendent que lorsqu'ils sont
arrivés á l'état adulte ces poissons perdent tous les
ans cette épine qui serait remplacée par une nouvelle.
La persistance de Pépine de Plaunée précédente chez
les sujets examinés expliquerait la présence de ces
deux appareils de défense. Les «chuchos » sont beau-
coup trop abondants au dire des pécheurs. Nous avons
pu constater au cours de nos traveux quils le sont
au moins assez pour faire perdre beaucoup de temps
au moment de la reléve des engins.
Le senne, le filet trainant en ramenaient de nom-
breux exemplaires comme aussi les palangres.
Leur épine, en forme de scie, pouvant causer des
blessures que lambiance de propreté tres relative
dans laquelle se meuvent les pécheurs peut rendre
tres graves, il est absolument nécessaire de couper
Pépine avant de jeter Panimal parmi les captures.
La chair du «chucho» rest que médiocrement
appréciée, mais les exemplaires capturés n'en sont
pas moins portés sur le marché.
Coxcrto.—Leptocephalus conger (L.)—Le congre est
capturé assez fréquemment mais jamais en tres grande
quantité.
Au cours de notre séjour sur la cóte de l'est, nous
en avons péeché a peu pres chaque jour et la plupart
étaient de trés belle taille.
PlF2
Fig. 4. — Tambor. — Lagocephalus laevigatus (L.)
Fig. 5.— Lisa. — Mugil brasiliensis (Ag. )
Fig. 6.- Pejerrey. —Aterinichthys vomerina (C. V.)
le.
Ny
Le
C'est plus spécialement, á peu pres uniquement
devrions-nous dire, avec les palangres, que se cap-
ture le congre. ll présente de nombreuses variations
dans la coloration de la partie dorsale du corps qui
passe du gris clair au bleu et au' noir. Les nageoires
ont une couleur uniforme et sont ornées d'ondulations
noires.
Le congre est tres apprécié a Vétat frais et rangé
dans la classe des poissons fins.
On le conserve en le faisant sécher a Plombre et
sans salage préalable.
Préparé en «escabeche», il fournit une excellente
conserve.
CONGRIO REAL.— Percophis brasiliensis (Q. C.) —Cette
espéce, que P'on capture pendant toute l'année, mais
jamais en tres grande abondance, se péeche a l'ha-
mecon ou au filet trainant plus particulicrement sur
les fonds de sable.
Pendant notre Mission nous avons eu lPoccasion d'en
voir de tres nombreux exemplaires, quelque-uns de
belle taille. On connait des échantillons qui atteignent
70 centimétres.
Le «congrio real» est considéré comme espéce de-
mi-fine et se consomme a lPétat frais.
CorNuDa. - Sphyrna tudes (Cuv.). — Confondu par
quelques auteurs avec le Saygena, ce squale, désigné
aussi sous le nom de «pez> martillo», est tres abon-
dant le long de la cóte que nous avons explorée et se
rencontre également au large. A plusieurs reprises
les poissons échappés du filet trainant au moment de
la veleve de Pengin étaient poursuivis par des requins-
marteaux de grande taille.
A la plage cette espéce s'est montrée particuliére-
ment abondante et nous avons eu Poccasion Ven cap-
turer avec tous les engins utilisés.
La ligne de fond en a ramené trés souvent, plus
spécialement dans les péches effectuées du bord du
«18 de Julio» autour duquel rodaient ces voraces ani-
maux. E
Sur la plage située 4 Vouest de Punta Ballena dans
un seul coup de senne dix-sept sont restés dans les
mailles de Pengin.
CurBato ou CórvaLO.—Paralonchurus brasiliensis —
Steind. — Cette espece, dont laspect rappelle un peu
celui de la «burriqueta », a une taille généralement
supérieure a quinze centimétres. On la capture durant
toute l'année á la plage. Elle: posséde une chair de
bonne qualité mais est peu connue.
On la péche mélangée á la «pescadilla de red ».
CORVINA OU CURBINA BLANCA. — Micropogon opercu-
laris (Q. G.) La: «curbina» blanche ou commune :
est extrémement abondante et cela durant toute Pan-
née. C'est probablement a son abondance qu'elle doit
de r'étre classée que parmi les poissons ordinaires
Elle constitue, avec une espéce que nous indiguerons
plus loin, la «pescadilla », la majeure partie des pro-
duits de la. péche.
Elle est généralement consommée fraiche mais se
préte parfaitement—au moins les beaux exemplaires
—hñ la préparation de poisson salé et séché.
Les jeunes sont désignés sous le nom de «ronca-
deras» parce que, au moment de leur sortie de l'eau
ef. durant un certain temps, ils font entendre un ron-
flement trés net. ]
Au sujet du bruit produit par ces poissons, men-
tionnons que, selon les pecheurs, la «curbina negra »,
dont nous allons parler, ferait entendre'ce ronflement
dans Pleau et a plusieurs reprises nos patrons de pé-
che nous ont dit percevoir, au-dessous de Pembarca-
tion dans laquelle nous péchions, des ronflements in-
diquant, á N'en pas douter un seul instant, la présence
sur le fond de «curbinas negras ».
Ce bruit est, il faut le rappeler, également attribué
aux «mailgres». +
CURBINA NEGRA. — Pogontas cAromis (L.) —Les jeu-
nes de cette espéce sont désignés sous le nom de
«criolla». Ce, sont déja de tros” beaux poissons. La
«curbina negra », en elfet, peut atteindre une taille et
un poids considerables. Nous en avons capturé des
échantillons dépassant un métre de longueur.
Elle vit non-seulement en eau salée, mais encore
en eau saumátre et on la capture parfois en grand
nombre dans les canaux intermittents qui établissent
une communication entre la mer et certaines lagu-
nes, ainsi qu'a Pembouchure de certains ruisseaux.
PI. 3
Fig. 7. —Sardina. — Lycengraulis yrossidens (Ag.)
Fig. 8.—Congrio real, — Percophis brasiliensis (Q. G.)
Fig. 9. — Lenguado. — Paralichthys brasiliensis (Jord.)
Elle se préte admirablement á la préparation de
poisson sec traité comme la morue.
Espana (Pez).—Trichiurus lepturus. L. — Voir Prz
SABLE.
Gato (Prz ).— Callorynchus callorynchus. L.— Ce
poisson rappelle la « palometa » et, comme elle, cons-
titue un article de qualité inférieure.
Il peut atteindre 70 á 80 centimétres de long.
GaturE 0 Garuso.— Galeus canis. Mitch.— Voir Ca-
ZÓN.
Guirarra.— Rhinobatus percellens. Walb.— Cette
espéce doit son nom, comme ceux de «bandurria »
et de «mandolin» sous lesquels elle est également
désignée á sa forme qui rappelle ces divers MS IrUe
ments de musique.
Comme le «pez angel», la «guitarra» se péche toute
Vannée et particuliérement au-dessus des fonds sa-
bleux.
Son abondance est moindre que celle du Sguatina
squatina.
Le R. percellens vit non-seulement en eau salée
mais encore en eau saumátre et pénettre dans le Rio
de la Plata jusqu'a Buenos Ajres.
Laca. — Deux especes principalement constituent
les banecs de «lacha» capturés par les pécheurs
pour Jeur servir Vappát dans la péche aux palan-
gres.
L'une la Clupea pectinata (Jen.) est abondante
surtout pendant la saison froide et, bien quw'elle pé-
notre dans le Rio de la Plata, ne parait pas dépasser
eau saumátre; Pautre, la O (La-
trobe) est parfois trés abondante ét pénttre tres
avant dans le Río de la Plata ¡ou on en a capturé
jusquw'en face de Belgrano.
La «lacha » est surtout capturée á Paide du tré-
mail mais on en péche parfois importantes quanti-
tés avec le filet traínant. Au cours de nos travaux
nos engins en ont ramené plusieurs fois d'impor-
tantes quantités.
Peut-étre, dans ce cas, le poisson avait-il été cap-
ee Ce,
turé au moment de la mise á lPleau ou durant la re-
leve.
La «lacha» présente, pour les pécheurs au « palan-
gre», une importance considérable car c'est elle qui,
durant la majeure partie de lannée donne, comme
amorce, les meilleurs résultats.
De son abondance et de sa fraicheur dépend le
succés de la péche á l'hamecon. Nous disons de sa
fraicheur car sa chair s'altere malheureusement tres
vite, «passe» comme disent les marins et alors ne
«peche» plus.
Nous avons sienalé la possibilité de lui conserver
pendant plusieurs jour ses propriétés et pensons
pouvoir arriver á une solution industrielle (c'est-a-dire
bon marché ) du probleme.
LeENxcuaDo. —Plusieurs especes de pleuronectes sont
désignées sous le nom de «lenguado» par les pécheurs.
Celle qui se montre la plus abondante.estla Paralich-
thys brasiliensis (Ranz.) qui atteint jusqu'a un métre de
longueur. On nous a. signalé un exemplajre de cette
espéce capturé pres du ponton de La Panela, á Pouest
de Montevideo, qui pesait, parait-il, quarante-quatre
kilos.
Les échantillons de trente et quarante centimétres
ne sont pas rares parmi les captures qui, il faut bien
le dire, ne sont pas tres nombreuses.
Une espéce tres voisine le Paralichthys patagonteus
(Jord) est péchée un peu moins fréquemment que la
précédente dont elle se distingue par les dents plus
petites, les yeux plus rapprochés et le corps pointillé
de taches brunes. Les nageoires pectorales sontornées
de bandes transversales noires.
Les «lenguados» se capturent surles fonds de vase;
les pécheurs prétendent ne pas en avoir rencontré
sur les fonds'de sable. (1)
C” est au trémail qwils les péchent. Il va sans dire
que les filets trainants en opéreront la capture mieux
encore.
Les «lenguados» que nous avons péchés durant no-
tre Mission étaient de taille plutót réduite et il ne nous
a pas été donné de voir un des superbes exemplaires
auxquels nons faisons allusion précédemment.
(1) Mentionnons qui, suivant Popinion dun capitaine, ce serait au contraire
sur les fonds de sable que se captureraient les «lenguados» de grande taille.
FLA
Fig. 10. —Cagavino. — Stromateus maculatrs (CAVE)
Fig. 12. —Pescadilla. — Cynoscion striatus (C. Y.)
TARADO
PTA EU
nat
pe e
Ces poissons sont trés bons consommés á Pétat frais
et sont considérés comme fins. >
Peut-étre pourrait-on tenter avec succés la fabri-
cation de filets au vin blanc si recherchés en Europe.
Lisa. —Deux especes de Mugil, le M. brasiliensis (Ag.)
et le M. platanus (Gthr.) sont connues sous le nom
vulgaire de «lisa».
Les pécheurs désignent sous le nom de «lisa bogo-
na» les exemplaires de trés grande taille. Nous avons
capturó les deux espéces sus- mentionnées et de tres
beaux échantillons de «bogonas» .
La péche de la «lisa» est rendue particuliérement
difficile par Vextréme agilité et la puissance muscu-
larie qui lui permettent de franchir, avec une remar
quable facilité, la partie supéricure du trémail ou de
la senne.
L'unique engin permettant sa capture un peu alsée
est le trémail véritable (trémail de «tres paños» des
pécheurs uruguayens) dont la disposition, génant les
mouvements du poisson, paralyse les efforts qu'il
peut faire pour fuir.
Encore devons-nous ajouter que, méme avec ce filet,
nombreux sont les individus qui parviennent a échap-
pera la capture.
La «Jisa» peut encore étre capturée a la canne el de
nombreux pécheurs, appartenant aux classes peu
aisées se la procurent avec cet engio, utilisant Un
erappin au-dessus duquel ils placent, fixé au corps
de la ligne, soit de la viande crue, soit des boulettes
de mie de pain. E
Mais la «lisa» est trés peu appréciée et, sur les ta-
bleaux de tarif des poissons, c'est tout juste si elle
figure á la fin de Pénumération des poissons COMMUNS,
avant la foule anonyme que renferment les: etc, etc.
A notre avis ces especes méritent beaucoup mieux
que leur actuelle réputation et, bien préparées, quoique
trés simplement, constituent un mets des plus fins
auquel, en Europe, on rend Vailleurs justice.
A Pheure actuelle on consomme, dans la classe ou-
o une trés faible quantité de ces poissons a Pétat
rails.
Luna.— Mola mola (L.) — Nous signalons ce poisson
uniquement á cause de la capture qui fut faite pres
a e
de l'ile Lobos dans les premiers mois de 1909. L'exem-
plaire qui a figuré sur le marché de Montevideo ne
pesait pas moins de .cent-cinquante kilos et mesu-
rait deux métres de longueur sur. un métre cinquante
de hauteur. Ce n'est d'ailleurs qu'á de trés longs in-
tervalles qu'on sienale sur la cóte des poissons-lunes
isolés.
MAnboLIN.—Rhinobatus percellens (Wal.) Voir Prz
GUITARRA.
MartiLLO.—Sphyrna tudes— Voir CORNUDA.
Merto Ó MERLUZA. —Merlucius Gayl (Guich.)—Cette
espéce, excessivement recherchée et classée comme
extra-fine, est relativement rare ou tout au moins parait
rarement sur le marché. ll y a a cela une explication
tres simple: jusqu'a lP'heure “actuelle les pécheurs tra-
vaillaient rarement par des fouds supérieurs á dix
brasses. Or la «merluza» est presque toujours péchée
sur des fonds de vingt brasses et au-desus. C'est sur
un sol de vase qu'on la rencontre et cela á peu pres
pendant toute l'année.
La « merluza» se consomme á létat frais.
MkEro.—Dans les endroits rocheux, on capture trois
especes 'Epinephelus gigas Brun; "Acantisthius pata-
gonicus Jen,et VA, brasilianus Cl. V. que Von con-
fond sous lá dénomination de «mero ».
Ces poissons sont assez abondants durant toute
Pannée et sont trés appréciés, ils sont rangés parmi
les poissons extra-fins. lls constitueraient un type
tres intéressant tant pour la consommation a lVétat
frais que pour la préparation de poisson salé s'ils
étaient plus nombreux et surtout de plus grande taille.
lls sont loin; tres loin (VPatteindre les dimension des
magnifiques exemplaires que nous avons eu Poccasion
de préparer sur la cóte occidentale d'Afrique et qui
fournissaient, apres salage et séchage, un produit pou-
vant avantageusement étre comparé a la morue.
Ce vest que rarement qu'on capture des individus
de grande taille et en tres petit nombre.
Nata.—Stromateus paru (L.)—Cette espéce, assez
abondante, est classée parmi les poissons fins.
RES
a NN
ES 5
Fig. 13. —Mero. — Epinephelus gigas ( Brun.)
Fig. 14. — Brótula. — Urophycis brasiliensis (Kaup.)
Fig. 15. —Pámpano. — Prachinotus glaucus Bl.)
A y A,
OS
EN (A v
ES
>
A ME
(e
dh
'
ml
DE yA
Pao (PEz).— Percophis brasiliensis (Q. G.)—Voir
CoNGRIO REAL.
PaLoMeTa.— Parona signata (Yen.)—La «palome-
ta» est abondante pendant toute Pannée et, a certai-
nes époques, on en péeche des quantités énormes. Elle
atteint une taille relativement considérable et il existe
des individus mesurant jusqu'a 45 centimétres de lon-
gueur sur 18 cm de largeur.
C'est un poisson commun, consommé cependant en
assez grande abondance soit frais, soit en salaison.
Ce mode de conservation est, parait-1l, celui qui lui
conviendrait le mieux.
Etant donné la qualité de la chair de la «palo-
meta» excessivement chargée de substances grasses
et son abondance, cette espéce est particuliérement
intéressante au point de vue de la fabrication de
graisse de poisson.
Sa capture s'opére plus spécialement avec le tré-
mail, mais, ainsi que nous Pavons indiqué pour la
«lacha» et probablement pour les mémes raisons,-
les filets trainants en ramenent parfois d'importan-
tes quanlités, comme nous avons pu le constater
nous- méme.
Pimeano.—Trachinotus glaucus (Bl.)—Le «pám-
ano» est une espéece d'excellente qualité, considérée
comme fine, mais peu abondante. C'est surtout a Pétat
jeune, quand les individus sont désignés sous le nom
de «pampanitos» qu'elle est recherchée.
Au cours de notre séjour sur les cótes de PEst,
nous v'en avons capturé que des exemplaires peu
nombreux. Nous devons ajouter qu'ils étaient de trés
belle taille.
Parco BLaNco.—Umbrinna Canosa (Berg.) —Cette
excellente espéce appartient au groupe des poissons,
considérés gastronomiquement comme extra-fins.
On r'en capture pas de trés grandes quantités.
Sa taille ne dépasse guére trente - deux centimétres.
Parco COLORADO.— Pagrus pagrus (L.)—Le «par -
go colorado», désigné aussi sous le nom de «besugo»
est également 1trés recherché et classé parmi les es-
peces extra- fines.
E
Il vit plus au largé que le «pargo blanco» et sur
des fonds de sable. C'est a Paide de l'hamecon et
du trémail qu'on pratique sa péche et il se montre
plus particuliérement abondant a Ventrée de ''hiver.
Pendant l'autre partie de l'année on le péche avec
assez de fréquence et en nombre assez considerable.
PEIERREY.— Atherinichthys vomerina (C. V.) et au-
res especes:
Comme son nom l'indique, le «pejerrey» est consi-
déré comme un des premiers parmi les poissons de
la faune marine, mais probablement a cause de son
abondance, on ne le classe cependant que parml
ceux de qualité fine.
On ne le péche en abondance pendant toute Pannée
et sur les fonds les plus variés pres de la cóte.
Consommé a létat frais, ou conservé en «escabe-
che», il constitue un aliment tres recherché. Les gour-
mets lPapprécient particuliérement quand il est petit,
en friture, ou, lorsqu'il mesure á peine quelques cen-
timétres, en omelette.
La destruction véritablement barbare que Pon en
fait a soulevé de tous temps les protestations des
gens prévoyants qui déplorent la persécution pour
ainsi dire méthodique d'une espéce de grande valeur.
Au cours de notre travail nous reviendrons sur
cette destruction.
PEjerreEY MaAniLas Ó DE MALvINaAs.— Aterinichthys
microlepidotus. (Yen.)—Cette espéce de /Corps plus
élancé que la précédente a une chair plus dure mais
sa taille est besucoup plus réduite, elle ne dépasse
pas quinze á dix-sept centimétres et pénétre dans les
eaux saumátres.
Aux espéeces sus-mentionnées nous croyons devoir
ajouter une espéce nouvelle créée par Berg ¿Atert-
nichthys platensis et une espéce rencontrée en Petit
nombre pres de l'ile Flores 4. laticlavia (C. V.)
La capture des pejerreyes s'effectue 4 peu prés
uniquement au moyen de la senne qui nous a donné,
á plusieurs reprises, un rendement trés intéressant.
Malheureusemente les bancs de sable qui existent
en divers points, á une faible distance de la plage,
rendent parfois la manceuvre de Pengin difficile.
De plus Paccées des plages est peu commode pour
E
les embarcations a quille et existence de ces bancs
le long de la cóte ajoute encore aux difficultés de
Patterrissage que la manceuvre de la senne impose
cependant d'une maniére absolue.
La difficulté pourrait étre tournée par 'emploi d'em-
barcations analogues soit aux pirogues des cótes
africaines soit mieux, aux «pinasses» du bassin
d'Arcachon (France).
PEscADILLA COMUN.— Cynoscio striatus (UC. V.)—S'il
est une espéce appelée a frappér par son abondance
VPobservateur qui visite les marchés et lexplorateur
qui effectue des recherches c'est bien certainement le
«pescadilla».
Ce poisson est de si bonne qualité que son extreme
abondance ra pu lui faire perdre sa vogue; tout au
plus Pl'a-t-elle fait ranger parmi les poissons com-
muns.
On le capture pendant toute lannée en quantités
considérables pour peu que Pon péche par quelques
brasses de fond.
A une faible. distance de la plage en eaux peu
profondes, pres des enrochements ou au large tou-
jours on fait de nombreuses captures. C'est, avec la
«curbina», Pespéce la plus abondante.
Mentionnons que le maximum d'abondance est, en
été, constaté durant les mois de janvier et de février
et, en hiver, pendant ceux de juillet et aoút.
La «pescadilla» constitue la majeure partie du pro-
duit de la péche au palangre; avec la ligne de fond
armée de deux ou trois hamecons on en charge par-
fois des embarcations; le trémail en raméne un grand
nombre et, des filets trainants elle compose les trois
quarts des captures.
(Nous répétons que ces observations sont relatives-
a Vétendue de cóte que nous avons étudiée en janvier
1909.)
PEscADILLA DE RED.-— Sagenichthys ancyclodon ( Bl.)
—La «pescadilla de red» et non de «rey», comme
nous Pavons parfois vu écrit, est relativement peu
abondante et tres recherchée; elle atteint souvent des
prix eleyés.
On la capture pendant toute Pannée et á peu prés
sur tous les fonds.
¿ess Pa
Comme 'indique son nom vulgaire cette espece est
péchée á Paide des filets, nous en avons recueilli tant
avec le trémail qu'avec le filet trainant.
Signalons qu'on désigne aussi sous le nom de «pes-
cadilla de red» une réunion de petits poissons, plus
spécialement Vanchoitas, de pejerreyes, de sardinas,
ELE
PixtarRroJO.— Seylliorhinus chinensis (Guich).—Voir
TIBURÓN.
Rara 0u Ratón 0u RATONA.— Ergenmania virescens
(Val). — Cette espece, classée comme fine, est extré-
ment rare. On la capture a toutes les époques de
lPannée, soit avec l'hamecon soit avec le filet trainant.
Elle est consommée a lPétat frais.
Raya comun —De nombreuses espéces du genre Raja
sont péchées sur les cótes de l1'Uruguay “et connues
vuleairement sous le nom de «rayas».
La plus ordinaire ou «raya común» est la Raja
platana (Gthr.). C'est celle que P'on capture en plus
erande quantité et qui atteint les plus grandes dimen-
sions. Certains exemplaires mesurent jusqu'a un mé-
tre d'envergure. Lebord antéro latéral est sinueux.
La Raja microps présente un bee beaucoup plus
court que celui de l'spéce précédente.
La Raja Agassizt (M. H.) est assez communément
capturée. Certains de échantillons recueillis présen-
tent des épines sur certaines parties du corps.
Leur couleur est parfois d'un gris uniforme. D'au-
tres fois on observe des taches brunátres, verdátres
ou bleuátres.
Enfin la Raja electrica, Discopyge Tschudu (Heck)
se rencontre sur les fonds de vase.
Les raies sont des poissons de fond que nous n'a-
vons guére capturés qu'áa une assez grande distance
de la cóte au moyen du filet trainant.
Pour les raisons que nous exposerons plus loin
nous les considérons comme particulicrement inté-
ressantes au point de vue industriel.
Comme poissons de consommation elles sont clas-
sées dans la catégorie des «polissons cCommuns».
Rubio.— Prionotus punctatus (L.) —Ce poisson est
HABAS
Fig. 16. — Raya. — Raja agassizi (M. H.)
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Fig. 18. —Chucho. — 4yliobatis aquifa (L.)
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curieux par sa forme qui rappelle celle du «gron-
din» des cótes de lPocéan européen. Íl se tient dans
les endroit rocheux et se capture a peu prés unique-
ment avec les palangres. On le péche, assez fréquem-
ment pendant toute Pannée. L'amorce préférée est la
chair de la «lacha» ou celle du «congrio». Rarement
les «rubios», qui figurent parmi les especes fines,
atteignent de grandes dimensions. Les cxemplaires
que nous avons eus sous les yeux étaient méme de
taille relativement réduite.
SABLE (Pez).— Trichiurus lepturus (L.) —Cette es-
péce doit son nom vulgaire á ce qu'elle figure «ssez
exactement une lame d'épée. Elle est tres peu abon-
dante.
Au cours de nos travaux nous Pavons capturée une
seule fois, ainsi que nous en avons fait mention dans
la partie anecdotique de ce travail. Les exemplaires
-recueillis ont une longueur supérieure á un métre.
C'est avec le filet trainant que cette espéce a été
pechée. Elle parait dénuée de tout intéret industriel.
SarDa.—Carcharias americanus (Shaw). — Voir Tte
BURÓN.
SARDINA. —£ycengraulis grossidens (Ag.) —Le nom
de «sardina» sert a désigner non seulement les jeu-
nes de certains espéces mais encore le £. grossidens
quí figure parfois en assez grande abondance sur
le marché de Montevideo et sur celui de Buenos
Aires.
Pendant notre croisiére nous V'avonos capturé qu'un
tres petit nombre de ce que nous nommerons la «sar-
dine vraie» des cótes uruguayennes. La présence de
ces quelques représentants de l'espéce et Pabondance
des captures a certaines époques parait indiquer que
la cóte est fréquentée par des bancs dont il serait du
plus haut intérét de déterminer l'importance, la route,
Pépoque Papparition, etc.
Sarco.—Diplodauas argenteus (€. V.)—Le «sargo»,
qui est une espéce extra-fine, vit surtout dans les
pierres et on le capture sur les fonds rocheux pen-
dant toute Plannée. Les filets trainants en ramenent
parfois et tres rarement le trémail lorsqu'on Putilise
ANA
á la cóte. C'est avec la. canne á péche et dans les
remous que Pon capture le «sargo».
Pour s'en procurer d'importantes quantités il fau-
drait utiliser l'épervier (atarraya Ou esparavel), engin
inconnu en Uruguay ou du moins non employée par
les pecheurs de la coóte.
Dans de telles conditions le «sargo» reste un pois-
son recherché 'a la fois pour la qualité de sa chair
et pour la difficulté qu'il y a a s'en procurer.
TambBOrR.— Lagocephalus levigatus (L.)—Ce poisson
présente la particularité de gonfler son abdomen
quand on le gratte á sa sortie de l'eau. Il est suffisam-
ment abondant pour causer de sérieux ennuis au pé-
cheurs. Gráce á son bec trés tranchant il coupe avec
une extreme facilité les avancons sur lesquels sont
fixés les hamecons.
On le péche indifféremment sur les fonds de sable
et sur ceux de vase. Sa longueur varie entre vingt-
cinq et trente centimétres.
Nous croyons devoir rappeler quau printemps,
c'est-aá-dire au moment du frais, sa chair peut étre
nocive et que Pon agit prudemment en s'abstenant
sojeneusement de le consommer.
Tapracuio. — Symphurus plagusia (Bloch.)—A la
liste des divers «lenguados» que nous avons précé-
demment signalés nous devons ajouter le Symphurus
plagusia que Yon capture sur les fonds de sable a la
plage. Il ne dépasse pas vingt centimétres de lon-
gueur.
TiBURÓN.—Sous le nom de «tiburón» qui correspond
au nom francais «requin» sont groupées plusieurs
espéces de squales dont certains sont également nom-
mées «pintarrojo», «sarda», etc.
En premier lieu nous devons signaler le «tiburón»
véritable Carcharias UMmericanis (Si 1d) Qui :est ex-
trement rare; puis le «tiburón» commun de PAtlan-
tique Galeor hinus galews (L.) et entulespéce pré=
cédemment mentionnée sous le nom de «pintarrojo»,
le Seylliorhinus chinensis (Guich).
Les espéces communes de requins sont abondan-
tes, beaucoup trop abondantes méme et cela depuis
la cóte jusqu'aux endroit les plus au large oú nous
nous sommes livré a la peche.
Fig. 19.— Calamar. — Lolígo sp (?)
Fig. 20. —Congrio. — Leptocephalus conger (L. )
Fig. 22.— Anchoa. — Pomatomaus saltatris (1
de )
¡q >
Ne
Sans constituer un danger pour les pécheurs pru-
dents, ce nen sont pas moins des hótes tres désa-
gréables, détruisant une grande quantité des poissons
pris aux palangres, se laissant rarement capturer car
lls rompent les avaocons et parfois meme le corps
du palangre.
Quand ces engins restent plus une heure au fond,
on raméne des quantités d'avancons qui portent, ad-
hérant á 'hamecon, la téte seule de poissons que des
requios ont presque complétement dévorés aprés leur
capture et nous avons constaté que ce sont presque
toujours les poissons fins, les «brótulas» plus parti-
culiérement, que choisissent ces voraces animaux.
Il nous avait déjáa été donné, sur le littoral afri-
cain, de constater á quel point la présence de ces
squales peut étre un obstacle pour la péche au mo-
yen de Phamecon. Nous avions méme dú renoncer
rapidement a Pemploi, dans les mémes conditions
qua Terre-Neuve, des lignes há morue dont nous
étions pourvu. :
Nous M'ajouterons rien á la réputation qu'ont ces
terribles squales de poursuivre d'une maniére achar-
née leur .proie, allant jusqu'a sauter hors de J'eau, en
mentionnant qu'a plusieurs reprises des poissons ont
été arrachés du palangre á quelques centimétres de
la main du pécheur qui en effectuait la reléve.
Enán la proportion des hamecons et avancons en-
leyés ou coupés s'éleve fréquemment au-dessus de
30 9/0, ce qui constitue une perte sensible et oblige
les pécheurs á un travajl considérable, entre deux
poses de palangres, pour remettre leurs engins en
état ou les contraint á remettre 4 lleau des engins
dont Veffet utile est réduit dans une énorme propor-
tion.
VOLADOR (PEz).—Exocoetus orbignyanus (CU. V.)—
Nous signalons, .en terminant, cette espéce, qui est
dépourvue de tout intéres industriel, parce qu'elle a été
capturée a diverses reprises au large de Maldonado.
A cette liste nous devons ajouter deux espéces que,
faute d'ouvragés scientifiques, il ne nous a pas été
possible de déterminer et que tous les marins et pé-
cheurs auxquels nous les avons présentées nous ont
dit ne pas comnaitre.
— 48
lls sont, d'ailleurs, de faible taille; Pespéce la plus
abondante n'est répresentée que par quelques exem-
plaires, et de Pautre nous r'avons recueilli qu'un seul
échantillon. Jls paraissent donc peu intéressanis au
point de vue industriel, tout au moins directement.
Crustacés
Les crustacés capturés on été peu nombreux et ne
présentent que peu d'intéret inmédiat.
“Ce sont surtout des «cangrejos» appartenant a di-
vers genres parmi lesquels nous n'en pouvons signa-
ler aucun comme abondant ou de grande taille.
Mentionnons que nous r'avons pas péché un seul
«camarón».
Mollusques.
Les mollusques, que les pécheurs englobent dans
la terme général de «mariscos», sont beaucoup plus
nombreux que les crustacés et cette classe se mon-
tre particulicrement intéressante.
D'un tres grand nombre d'espéces il ne nous a été
possible de recueillir que les coquiiles rejetées sur
les diverses plages par la mer.
Mais nous avons pu rencontrer un grand nombre
de moules (mejillones) de taille murchande et deux
autres espéces de lamellibranches, désignées vulgai-
rement sous le nom de «almejas». Leur taille et le
goút tres fin de leur chair en font des articles inté-
ressants, susceptibles de devenir trés recherchés lors-
qu'ils seront connus et appréciés.
Sur les rochers qui avoisinent le bátiment de la
douane, a Punta del este, sont fixées des huiítres a
chair tres ferme et (un goút rappelant celui des hui-
tres désienées en Europe sous le nom «d'huitres
portugalses ».
La présence de ces huires, existence coquil=
les grandes et parfailtement réguliéres, rejetées par
les flots démontrent la possibilite Vélgver cet inté-
ressant mollusque, pour la consommation duquel la
République Orientale de l'Uruguay et la République
Argentine—soit dit en passant— sont encore absolu-
mn
ment tributaires de VPétranger, du Brésil plus parti-
culiérement.
Enfin, un mollusque dont la présence doit étre sig-
nalée d'un facon spéciale—-car si on le rencontrait
en quantité sa capture serail des plus intéressantes—
est le «calamar» dont le filet trainant a ramené quel-
ques exemplaires vivants et nullement endommagés
malgré une tres réelle fragilité.
Plusieurs espéces de Gastéropodos, dVassez gran-
des dimensions, on été également ramenés soit par
la «red de arrastre» soit par les palangres. Les pé-
cheurs les désiguent sous le nom général de «cara-
coles».
En descendant Péchelle zoologique, nous devons
sienaler des échinodermes désignés sous le nom vul-
gaire d' «estrellas» qui, tres souvent, se fixent sur
lPappát des palangres, en tres grand nombre, cachant
la «carnada» et lui enlevant ainsi toute utilite.
Les méduses («aguas vivas» des pecheurs) se sont
montrées particulicrement abondantes et, ceci, 3. peu
pres sur toute la cóte. Les trémails ont. été parfois
relevés littéralement chargés de ces organismes, d'as-
pect gélatineux, dont le contact détermine souvent
une - trés vive urtication.
Pour terminer, rappelons enfin la rencontre précé-
demment mentionnée dans les divers déplacements
du «18 de Julio», et plus spécialement au large, de
erandes taches de couleur rougeátre, constituées par
des algues vertes et non par des ceufs de poissons,
comme il en existe la croyance dans l'esprit de la
plupart des marins.
Nous r'avons rien dit ici des «loups» marins dont
plusieurs étaient de fidéles compagnons... au mo-
ment de la reléve du filet trainant.
Nous nous proposons den faire ultérieurement l'ob-
jet d'une étude spéciale.
Peche
Nous ne décrirons ici aucun des genres de péche
auxquels nous nous sommes livré et dont Pexposi-
tion dépasserait la cadre de ce travail.
AA
Rappelons seulement que nous avons utilisé:
a) La canne á péche.
b) L'engin connu sous le nom de «aparejo» et qui
est une ligne 4 deux ou plusieurs hamecons tres for-
tement plombée.
c) Les faux-trémails ou trémails d'une seule nappe
de filet (áa moyennes et grandes mailles).
d) La senne ou «red de playa ».
e) La «red de arrastre» connue sous le nom de
«bou» (bceaf ou grand gangui des pécheurs de la
Meéditerranée).
f) La nasse en fil de fer.
Qualité du poisson
Les diverses espéces capturées ont figuré chaque
jour, et parfois aux deux repas, sur la table du Com-
mandant afin que nous puissions nous faire une idée
exacte de la valeur comestible des poissons a 'étal
frats. Chaque espece a été accomodée de facons trés
difftérentes par le cuisinier du bord.
Nous devons reconnaitre que tous les poissons,
méme ceux qui jouissent de peu de faveur (la lisa,
la palometa) aupres des consommateurs de Monte-
video, ont été trouvés excellents.
Quelques espéces, désienées sous le nom d'especes
fines: «Panchoa», la «brótula», le «pámpano», le «pe-
jerrey», ete., sont. véritablement dignes du renom
dont elles jouissent.
Préparés en «escabeche», l'«anchoa», la «brótula»
fournissent un excellent produit.
Les quelques conserves qu'il a été possible de pré-
parer a bord, malgré les difficultés résultant du dé-
faut de stabilité du bátiment et de Pabsence d'insta-
llations spéciales, ont été trouvées excellentes par
les personnes qui les ont consommées.
Nous avons noté que, pour étre acceptées en géné-
ral, les conserves ne devront contenir ni ail ni lau-
rier. Le cuisinier, en bon espagnol, avait eu le main
un peu... Senéereuse:
Il serait, dans tous les cas, facile de faire diverses
sortes de préparations en indiquant, sur les boites,
qu'il a été, ou non, utilisé des condiments un peu
forts dans la fabrication.
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A
Poisson saLrE.—Le poisson destiné au salage a été
iranché suivant le méthode de Terre-Neuve que nous
décrirons compléetement dans l'ouvrage que nous avons
en préparation (1),
Indiquant rapidement le procédé employé, nous di-
rons que la téte est enlevée, le poisson fendu par la
face ventrale et une partie de la colonne vertébrale
¿galement enlevée.
Une fois vidé et trés soigeneusement lavé, pour faire
disparaitre toute trace de sang coagulé, le poisson
a été mis dans une saumure trés forte durant quaran-
te-huit heures au minimum, dans les caisses étanches
que nous avions fait établir spécialement.
Retirés de la caisse de saumure, les poissons tran- '
chés ont été placés dans d'autres caisses avec du sel
en abondance.
Malgré certains retards dans lachévement de la
sécherie, retards qui n'ont permis de commencer le
séchage que plus de deux mois apres le salage des
premiéres captures, nous »avons perdu aucun des
poissons tranchés et salés selon la méthode indiquée.
Le séchage s'est effectué dans la sécherie installée
a Sayago, dans les dépendances de P'Institut agrono -
mique.
Le poisson salé, au sortir des caisses dans les-
quelles il était empilé avec du sel, est lavé et brossé
lorsque cela est nécessaire. Le lavage peut se faire
soit a l'eau douce, soit a leau de mer.
Une fois lavés et débarrassés (une grande partie
de leur sel et des impuretés quí peuvent les souiller,
les poissons sont suspendus par la queue, que Pon
engage entre des lattis de bois paralléles, distants
dWVenviron un demi-centimétre. Ces jeux de lattis sont
supportés par des piquets et sont réunis tous les
O m. 60 environ par de petits morceaux de bois de
3 a 6 centimétres de long sur 3 centimétres de large,
auxquels on donne, dans le monde des sécheurs, le
nom «d'étiquettes».
Les poissons sont placés la partie ouverte du cóté
du soleil, auquel on demande surtout une action chi-
mique pour le blanchiement.
Il convient que le séchage s'opére de préférence
sous Paction du vent. La chaleur solaire peut, en
(1) Voyez de plus A. B>uyar, La morue. Sa péche et sa conservation ( Bulletin
de la Société dV'étude et de vulgarisation de la Zoologie agricole), Bordeaux, 1904,
4,
o O
effet, étre funeste a la bonne conservation du poisson .
Son action est maxima auand les rayons arrivent
normalement a la surface du poisson.
Et on constate un phénoméne, en apparence invrai-
semblable: c'est que, durant la saison froide, le pois-
son «brúle» avec des températures inférieures a 280,
tandis qu'en été des températures de 300 et 320 sont
parfaitement tolérées.
Durant cette derniére saison, le soleil montant trés
rapidement sur Phorizon, ses rayons sont paralléles
aux. poissons, suspendus verticalement, durant les
heures les plus chaudes de la ¡journée.
Au cours de la saison froide, le soleil étant, au
contraire, beaucoup plus bas sur l'horizon, émet ses
rayons presque normalement á la surface des pois-
sons suspendus verticalement et ceux-ci peuvent étre
«brúlés».
Les poissons «brúlés» se distinguent de ceux qui
ont été séchés dans de bonnes conditions par la fa-
cilité avec laquelle ils s'eftritent au bout de peu de
temps. Il ny a, d'ailleurs, aucun avantage á laisser les
poisson exposés á des températures trop élevées. Si
le poisson séche trop rapidement, ou bien il «brúle»
ou seule la partie externe séche et la partie interne
reste saturée d'humidité, ce qui compromet la con-
servation, quand celle-ci n'est pas rendue i¡mpos-
sible.
Le séchage s'effectue d'autant mieux que la tem-
pérature est plus basse.
Les poissons destinés a la consommation inmédiate
ne requiérent, en. été, que. deux a. trols ¡OuUÍs de sé=
chage; ceux destinés á Pexportation demandent á étre
exposés plus longuement a VPaction desséchante du
vent.
Pour continuer le séchage durant les heures trop
chaudes de la journée, et pour conserver le poisson
séché, on utilise des magasins de diverses formes et
c'est un type de ces magasins-séchoirs que nous
avons fait installer a Sayago.
Ce batiment mesure 5 m. de longueur, environ, sur
3 m. 50 de large. Sa hauteur est de 3 m. 50 sur les
cótés, de 5 mi. au faite. Le toit, á double pente, dé-
borde largement sur tcut le pourtour, assurant une
protection efficace contre les rayons les plus chauds
du soleil. Gráce a cette disposition, en été, le soleil
E —
frappe trés peu les parois: le matin, seulement, tót,
et le soir, tard. Durant le reste de la journée, le so-
leil étant tres haut, ses rayons ne peuvent atteindre
les parois du bátiment,
Ces parois, en bois, sont dailleurs doubles sépa-
rées par un matelas d'air isolant.
Le toit est constitué par une assez forte couche de
paille disposée d'une facon a la fois ingénieuse et
tres solide et qui assure a une telle couverture de
longues années d'existence.
Pour arréter la chaleur, aussi complétement que
possible, il existe, en outre, des faux-plafonds in-
complets, de paille également.
L'un se trouve situé dans le plan horizontal de
Pintersection du toit et des faces latérales et, partant
de Pune de ces faces, s'avance á 1 m. environ au-
dela de Vaxe de Pedifice. L*autre situé á O m. 60
environ au-dessus, s'étend de Pautre face latérale á
1 m. environ de laxe dans le sens Opposé.
L'air froid pénétre par la partie inférieure, au mo-
yen une jalousie occupant une des faces frontales
sur 2 m. environ de hauteur depuis le sol. Cette ja-
lousie peut étre ouverte plus ou moins completement
et la face qui la présente doit étre orientée, autant
que faire se peut, de manitre a recevoir le vent sec.
Ce dispositif permet de soustraire, á peu prés com-
pletement, l'intérieur de la sécherie aux ardeurs du
solejl, tout en laissant le passage libre á Pair chaud
qui circule de bas en haut et s'échappe, soit par une
ouverture ménagée dans le toit, soit par Pespace libre
existant entre le toit et les faces latérales.
Enfin, une porte étroite donne entrée dans la séche-
rie, qui présente des supports et des lattis analogues
á ceux que nous avons décrits pour le séchage a
Pair libre.
Les poissons salés que nous avons séchés en uti-
lisant les installations ci-dessus mentionnées, se pré-
sentent sous Paspect du «bacalao» importé Y 'Europe.
Ils wont á lui envier ni la blancheur, ni Podeur, ni
la qualité. En ce qui concerne le goút, les attestations
que nous avons recues de personnes absolument dés-
intéressées, qui les ont goútés, viennent appuyer et
renforcer notre opinion: á savoir, que ce poisson est
égal, sinon supérieur, á celui quw'envoie en Uruguay -
lPexportation étrangére. ll s'en différencie, au moins
eu ce qui concerne la «curbina» et la «pescadilla»
par la présence d'écailles un peu grandes. Mais faire
disparaitre ces derniéres est peu "de chose et nous
devons rappeler que, déja, des machines existent pour
enlever ces écailles, machines qui peuvent nettoyer
par heure un grand nombre de poissons.
Nous ne reproduirons pas ici les attestations qui
nous ont été adressées et relatives a la qualité des
produits que nous avons préparés. Nous croyons ce-
pendant devoir traduire un extrait de la lettre qui nous
a été adressée par Monsieur le docteur D. Blasi, Pro-
fesseur á PEcole vétérinaire de Montevideo a lP'exa-
men duquel des échantillons avaient été soumis.
«Ayant examiné quelques échantillons provenant
«des matériaux recueilles par le Professeur A, Bou-
«yat, de PInstitut d'agronomie au cours du voyage
«dont Pobjet a été Pétude de la faune marine de la
«zone est de la République, Pai pu constater que le
«degré de conservation de ces produits, obtenus par
« des procédés spéciaux et avec le chlorure de so-
«dium comme base de conservation, répond aux plus
«complétes connaissances de la science relative á
«cette matiére.»
A propos de lP'importation rappelons que les pois-
sons secs importés sous le nom de «bacalao» com-
prennent non -seulement la morue (Gadus morrhuca)
et les faux-poissons des pécheurs de Terre-Neuve
PAnon, la Julienne, la Coquette et le Colin, mais en-
core des poissons dont la forme ne rappelle en rien
celle de la morue ou des faux-poissons et que la
disparition des caractéres extérieurs, consécutive aux
opérations de préparation qu'ils ont subies, ne nous
ont pas permis de déterminer.
Provenant de France SIE il a été importé
pour le valeur suivante (1
A O as
LIO a E a e ES »
LIO A 385 »
104 E AA 72 »
LOS IE A A LES »
(1) Une piastre vaut: Franes 5,40.
o9soddo 9944 Y] 9p disno pel ep 110dody U0 9JLIANO DJLOA Y AB 998Í 9p SUA JOdDP 91 39 9110UI9S YI] —*YZ “Bl
Conclusions générales
En résumé, au cours des recherches que nous avons
effectuées (dans la limite de la durée de ces recher-
ches et des travaux qui les ont suivies) nous avons
pu constater que:
a) Le poisson est abondant sur les cótes de Pest
de la République Orientale de Uruguay.
b) Les especes comestibles, susceptibles d'étre pré-
parées en vue de leur conservation, sont suffisam-
ment nombreuses et abondantes pour donner lieu a
des entreprises qui, bien comprises et bien dirigées,
ne peuvent manquer d'étre florissantes.
c) L'exploitation du poisson frais, gráce á la pro-
ximité des marchés de Montevideo et de Buenos Ai-
res, doit étre largement rémunératrice.
d) Les conditions dans lasquelles se trouveront les
exploitations futures sont, de beaucoup, supérieures
á la majeure partie de celles auxquelles doivent
s'adapter les entreprises étrangéres, dans Pancien
comme dans le nouveau continent.
En effet, ici, le champ d'exploitation est 4 quelques
“heures á peine du centre de consommation. Les bá-
teaux de péche peuvent, en cas de gros temps, trou-
ver un abri dans Padmirable rade de Maldonado que
défend Pile Gorriti.
D'ici peu de temps le port de «La Paloma» leur
offrira un excellent refuge sur un autre point de la
cóte.
Le littoral est magnifiquement éclairé par les pha-
res des caps Polonio, Santa María, José lgnacio,
ceux de Punta del este, de Píile Lobos, du Banc an-
glais, de ile Flores et de Punta brava.
La route, du rio Chuy a Montevideo, est ainsi ad-
mirablement jalonnée, ce qui permet de voyager et de
pécher durant la nuit, en toute sécurité.
Le port Pattache des bátiments pécheurs, qui se-
rait tout naturellement Montevideo, est, en méme
temps, un centre important de consommation et les
produits de la péche r'auraient pas á supporter les
frais de transport par chemin de fer (au moins pour
le poisson frais) qui grevent si lourdement les arti-
cles de la plupart des entreprises similaires.
es
En ce qui concerne l'exportation sur Buenos-Aires,
les vapeurs qui font quotidiennement la traversée
offrent des garanties de rapidité et de regularité d'au-
tant plus appréciables que le poisson des cótes de
Pest peut ainsi arriver sur le marché dans des con-
ditions de fraicheur remarquables qui lui assurent,
sur les poissons de la République Argentine une
supériorité marquée.
Il est, autre part, notoire que le poisson de Mon-
tevideo, méme provenant de Pestuaire du Río de la
Plata, est nettement préféré au produit des entreprises
argentines.
Enfin pourrait étre entreprise, tout au moins pour
certaines espéeces, lexploitation du poisson «vivant».
Cette exploitation nécessite: d'une part, des bateaux
viviers, d'autre part, des viviers flottants qui seraient
mouillés dans le port de Montevideo.
Il y a quelques années des pécheurs canariens ont
eu lidée d'installer dans le port de La Luz (Las
Palmas) des viviers flottants et en tirent d'impor-
tants bénéfices. Le poisson vivant se vend, en effet,
beaucoup plus cher que le poisson frais et le débou-
ché serait assuré dans Montevideo etá bord des trés
nombreux paquebots reláchant dans le port.
Pour pouvoir conserver vivant, soit dans les bateaux
viviers, soit dans les viviers flottants du poisson pé-
ché par vinet-cinq ou trente métres de fond, quelque-
fois davantage, il faut prendre certaines précautions.
Adaptés á la vie sous une pression de plusieurs
atmosphéres les poissons, ramenés á la surface, sont
mis dans Pimpossibilité de nager. La dilatation de
leur vessie natatoire consécutive á la diminution de
pression qu'elle équilibrait réduit considérablement
le poids spécifique du corps et les pécheurs cana-
riens ont recours ¿une véritable «ponetion» de cet
organe pour permette aux poissons de nager sous
une couche d'eau de faible épaisseur. lls perforent la
paroi du corps et celle de la vessie natatoire au mo-
yen d'un tube coupant, terminé en biseau á Vextré-
mité qui doit étre enfoncée dans le corps du poisson,
Pautre extrémité étant libre. Un manche de bois, de
forme spéciale, permet le facile maniement de ce
petit instrument désigné sous le nom de «pica».
La qualité remarquable du poisson des cótes de
Pest assurera au produit des exploitations futures une
faveur certaine.
EN
Ajoutons que Vinstallation de dépóts frigorifiques
ou la simple utilisation de bateaux modernes, possé-
dant des dispositifs pour la conservation par le froid,
permettrait d'approvisionner tres réguligcrement le
marché «poisson frals».
En ce qui concerne le poisson salé et séché, les
débouchés sont assurés tant en Uruguay que dans
les pays limitrophes. Dans la République méme, les
populations du centre consomment—le payant un prix
relativement élevé—un poisson séché qui doit a son
mauvais mode de tranchage, á un salage insuffisant
etá un séchage opéré en dehors de toutes les régles
ordinairement suivies, un aspect, une odeur méme
qui rendraient impossible leur acceptation en Eu-
rope.
Ce poisson nous rappelle, a peu pres exactement,
le produit que préparent les pécheurs canariens et
dont la conservation est, parfois, tellement problé-
matique que les autorités des ports de Las Palmas
et de Ténériffe se voient dans Pobligation, malgré
une indulgence bien évidente, de faire jeter á la mer
des chargements complets.
La présence un nombre important de canariens
dans le centre de la République Orientale de PUru-
guay expliquerait le bon accueil fait au poisson séché
actuellement expédié dans la campagne.
Ce poisson est á peu prés inconnu dans Montevi-
deo oú le présenter serait d'ailleurs inutile.
Il en serait trós certainement tout antrement Gu
poisson tranché, salé, séché et conservé suivant la
méthode que nous avons indiquée. Ainsi que nous
VPavons dit, les poissons séchés que nous avons fait
goúter ont été jugés parfaitement bons et susceptibles
de faire une concurrence avantageuse au «bacalao».
La lutte serait Vautant plus facile que, aux condi-
tion favorables de l'exploitation, viendrait s'ajouter
Vabsence de frais de transport et de droits d'entrée.
D'autre part les pécheurs pourraient saler et ven-
dre eux-mémes, supprimant ainsi les intermédiaires,
dont la part de bénéfices pése si lourdement sur le
consommateur sans profit pour le productcur.
La fabrication de conserves pourrait étre entreprise
avec succés, en tenant compte des goúts du marché
»
et, dans ce cas comme précédemment, les produc-
teurs nationaux se trouveralent dans des conditions
PT
leur assurant une incontestable supériorité sur les
fabricants étrangers.
Nous avions lPintention d'étudier la possibilité d'éta-
blir des salines et de déterminer dans quelle mésure
pourrait étre rémunératrice la fabrication «d'engrais
de poissons. Le «peu de durée de notre voyage ne
nous a pas permis d'aborder Pétude de ces deux
points, pourtant si intéressants et qu'il serait tres
important d'élucider dans le plus bref délai.
Nous r'avons pas davantage eu le loisir, au cours
de notre croisiére, d'étudier la possibilité d'établir des
exploitations pour Postréiculture et la mytiliculture.
L'huitre et la moule existent naturellement. Elles
rauront done pas a lutter contre les difficultés, par-
fois tres grandes, de Padaptation a un milicu plus ou
moins favorable.
D'ores et déjáa il nous a été donné de constater que
les essais devront étre poursuivis, par suite de Pab-
sence de mouvements réguliers et de grande ampli-
tude de POcéan, non selon la méthode francaise des
cótes de l'Océan atlantique, mais suivant celle a la-
quelle on a recours sur les cótes de la Méditerranée,
qui ne presente pas le phénoméne des marées.
De notre trop court voyage sur les cótes de Pest
de la République Orientale de Uruguay nous rap-
portons une impression excellente sur la richesse
des eaux qui les baignent et notre conviction est com-
pletement affermie qu'il y a a faire, beaucoup a faire
au point de vue «pécheries».
Sans vouloir entrer ici dans lPexposition du plan
que devront suivre les exploitations futures, nous di-
rons quelles devront étre puissantes: puissantes com-
me capitaux, puissantes comme outillage, de maniére
á pouvoir tirer parti de toutes les branches de l'in-
dustrie de la péche.
[exploitation compléte de cette industrie devra
comprendre:
1.0) Le poisson frais, les mollusques el les crustacés
vivants pour Papprovisionnement du marché «pois-
son frais» á Montevideo et a Buenos Aires, en y
adjoienant éventuellement la branche «poisson vi-
vant».
2.0) Les poissons en frigorifiques, poissons fins seu-
lement, dont la valeur commerciale justifie les 1m-
JN
mobilisations de capitaux nécessaires a Pétablisse-
ment d'installations et de machines frigorifiques («bró-
tulas, pejerreyes, anchoas, etc.»).
3.0) Le poisson salé et séché, en utilisant pour
cette préparation les poissons de grandes dimensions
(curbina criolla, curbina negra, bagre) et ceux de
dimensions réduites dont Pabondance, á certaines épo-
ques, déterminerait un avilissement des prix si on
les mettait sur le marché (pescadilla, curbina blan-
careto.)
4.0) Le poisson salé et fumé, dont la préparation
pourrait étre tentée avec certaines espéeces.
9.9) Les poissons, crustacés et mollusques en con-
serves. Rappelons quw'áa certaines époques de Pannée
on capture des crabes de grande taille, parfaitemen-
comestibles, et que la fabrication de conserves d'hui-
tres et de moules se pratique couramment.
6.90) Les poisson en «escabeche».
7.0) Les produits accessoires tels que les ceufs qui
pourraient servir a fabriquer une rogue qui trouve-
rait son emploi pour la péche de la sardine, si ce
poisson existe en quantité, ou pour la péche au tré-
mail dont elle augmenterait le rendement; hule de
JFoies dont la préparation a déja été tentée; la colle de
poisson, la graisse de poisson, les vessies natatotres
et enfin le guano pour la fabrication duquel seraient
utilisés tous les déchets des diverses préparations et
les poissons dont on ne pourrait tirer un autre parti.
8.0) Le sel et les salines artificielles.
9.0) L'exploitation de deux industries appelées a
un erand avenir le jour ou sera mise en évidence la
possibilité de leur création, nous avons nommé Los-
tréiculture et la mytiliculture.
Ces deux branches de Pindustrie aquicole marine
pourront peut-étre méme, dans Pavenir, prendre un
développement assez considérable pour absorber les
soins d'entreprises ayant pour unique objet leur ex-
ploitation.
En ce qui concerne la capture des poissons, nous
croyons devoir dire que nous sous-entendons cette
capture au moyen des engin modernes, les seuls vé-
ritablement industriels: le chalut et le fileta plateaux
ou á ciseaux, scherbret-ternetz des Allemands, ot-
ter-trawl des Anglais; les seuls á Pusage desquels
on ait recours á peu prés universellement pour la
péche intensive.
A
Nous n'entrerons ici dans aucun détail relativement
a leur emploi, nous ne chercherons pas plus á éta-
blir leur incontestable supériorité que nous ne tente-
rons de faire justice des accusations portées contre
eux.
Aussi bien ce serait lá discussions o0iseuses.
Leur usage, qui se généralise de jour en jour, les
plaidoyers en leur faveur parus sous des plumes au-
torisées et notre expérience des questions «péche»
nous permettent d'affirmer que seuls ces filets ont une
valeur industrielle et qu'ils devront étre employés par
les entreprises futures soucieuses de lutter avanta-
geusement contre la concurrence étrangére.
Sans reprendre les accusations infondées de des-
truction des alevins, peut-etre nous objectera-t-on
que la présence, prés des cótes, de plusieurs vapeurs
trainant jour ef nuit leurs engins déterminera, au bout
d'un certain nombre d'années, et malgré l'étonnante
puissance reproductrice des poissons, une diminution
sensible de leur nombre.
Bien que les espéces dont nous avons constaté al
présence se montrent particulicrement nombreuses,
bien que les eaux baignant les cótes de la Républi-
que Orientale de Uruguay soient á peu pres vierges
du contact des engins modernes, bien que nous puis-
sions trouver dans la remarquable faculté reproduc-
trice des poissons un argument de une incontestable
valeur pour une réponse négative, nous inclinons ce-
pendant á répondre nettement: OUL
Oui, d'ici un nombre d'années qu'il est impossible
de fixer, mais qui sera considérable, les poissons se
feront plus rares, leur capture plus difficile.
[exemple du vieux continent est la pour nous prou-
ver que, sinon rapidement, du moins au bout d'une
longue période de péche intensive, le poisson dimi-
nue—<ou du: moins le produit de lar pécheset qu'il
faut avoir recours 4 des engins perfectionnés portés
par des vapeurs á rayon d'action tres étendu, pour
pouvoir satisfaire les besoins sans cesse grandissants
une population toujours croissante. Les chalutiers
d'Arcachon, qui ne quittaient pas le golfe de Gas-
cogne il yy a pas bien longtemps, vont actuellement
promener leurs filets en face des cótes espagnoles et
jusque sur les cótes marocaines.
Cetle objection, malgré sa valeur apparente, reste
cependant sans portée aucune.
7 A
Au point de vue universel, la question est certai-
nement complexe. Mais un rapprochement montrera
que ce qui parait de Pimprévoyance est, une part,
une nécessité imposée par les besoins tous les jours
plus grands de l'humanité, d'autre part un puissant
stimulant de son ingéniosité, un facteur incontestable
de progrés. Ñ
Créer des nécessités c'est susciter les moyens dy
faire face, surtout quand ces nécessités sont des né-
cessités primordiales.
S'il est, en effet, des richesses auxquelles on s'at-
taque tous les jours avec un acharnement croissant,
auxquelles on arrache jusqu'a leurs ultimes éléments
ce sont, sans contredit, les richesses miniéres.
Il Mest venu a lPidée de personne de réduire la
production des mines pour assurer une plus grande
durée á leur exploitation et, quand des mesures sem-
blables ont pu étre prises, elle ont été appliquées a
Pocecasion de crises passagéres, du fait de la surpro-
duction. Kt encore faut-il noter que les préoccupations
qui ont pu les dicter étaient ordre purement finan-
cier, avaient pour but de sauvegarder les intéréts de
sociétés industrielles ou de particuliers et non d'as-
surer á nos arriére-neveux quelques millions de kilos
de charbon, quelques tonnes de mineral de fer, ou
quelques pierres précieuses de plus que celles que
leur aurait laissés une exploitation ininterrompue.
Ces richesses miniéres, dont lexploitation est si
áprement, poursuivie ces minerais, auxquels on de-
mande chaque jour davantage, augmentant sans cesse
la puissance des moyens d'extraction, ayant recours
aux procédés dont dispose la chimie moderne pour
arracher á la gangue qui Plenserre jusqw'a la derniére
parcelle de métal précieux par sa rareté ou sa. va-
leur industrielle, ces richesses, disons- nous, compte-
t-on les voir augmenter?
On pourra découvrir de nouveaux gisements com-
me on pourta aller chercher toujours plus loin des
cótes et de la surface des mers les espéces comesti-
bles de la faune de POcéan, mais peut-on espérer
que les forces qui ont déterminé la formation des mi-
nerais exploités agiront de nouveau pour les mettre
á notre portée lorsque ceux actuellement formés vien-
dront á s'épuiser?
Raisonnablement: NON.
On arrache donc a la terre tout'ce que peut don-
ner sa minéralisation, on exploite á outrance, dans
le domaine minier, tout ce dont le génie de homme
permet de tirer parti, sans espoir de voir augmenter
ce domaine, et on mettrait á Vexploitation “des ri-
chesses marines les entraves d'une prévoyance exa-
gérée?
Ni Por ni le platine, ni les minerais de fer ou de
cuivre, de zine ou de chrome ne pourront étre renou-
velés: on les exploite a outrance.
Et on limiterait, d'une maniére étroite, la capture
des poissons auxquels assurent un renouvellement
incessant une fécondité extraordinaire, Pexistence de
zones de protection spéciales, les refuges offerts par
les endroits inaccesibles aux. filets des vapeurs, aux
simples lignes méme, les étendues considérables non
exploitées oú le poisson croit et se reproduit ne ren>
contrant a sa multiplication infinie que Pobstacle mis
á la fécondité par cet état d'equilibre que nous pour-
rions appeler le balancement des organismes dans
un milieu donné?
Bien peu y ont songé, semble-t-il, du moins s'il
faut en croire l'essor magnifique de la péche aux
filets trainants, le perfectionnement des engins de
capture, le nombre, la puissance des sociétés de pé-
che, les progrés qui ont fait de leurs vapeurs d'ad-
mirables bátiments travaillant sans A traí-
nant leurs filets de jour et de nuit et, apres plusieurs
jours passés au large, ne rentrant au port que pour
en repartir aussilót.
Au point de vue national une breve réponse réduit
á néant lPobjection tirée de la diminution probable
des poissons du fait d'une exploitation intensive.
A trois milles en mer les eause sont libres. St, par
serupule, une nation hésite ( autoriser Pemploi des
engins puissants, les seuls « retirer un bénéfice d'un
sentiment louable en sot, mats quí est une faiblesse
dans le lutie pour la vie, seront les pécheurs étran-
gers.
Ce sont' done le. chalut. et le. Gleta plateaux, en
eins non encore employés sur la cóte de la Répu-
blique Orientale de Uruguay que les Sociétés futu-
res devront utiliser.
a
Le filet trainant, connu sous le nom de «bou» ou
«boeuf» et dont nous nous sommes servi, dans des
conditions un peu défectueuses, il est vrai, ne consti-
tue, pour nous, qu'un premier pas, qu'un léger pro-
grés dans l'industrialisation des engins de péche, un
passage entre le palangre et le filet a plateaux.
Le palangre rest pas, en effet, un engin industriel.
Son rendement est faible, les chances de perte d'ha-
mecons parfois considérables (jusqu'a 33 %/o du nom-
bre total). Bien souvent les étoiles de mer et cer-
tains gastéropodes se fixent sur Pappát en tres grand
nombre. Enfin, nous avons pu nous rendre compte
quun grand nombre des poissons capturés devient
la proie des requins.
Ajoutons que, par les temps un peu durs, la pose
et la reléve des palangres, pénibles par temps calme,
deviennent tout á fait impossibles.
De plus, le rendement de la péche est absolument
subordonné a la qualité de Pappat qu'il est parfois
tres difficile de se procurer.
On nous objectera, sans doute, que, jusqu'á J'heure
actuelle, les peécheurs au palangre ont vécu du pro-
duit de leur travail et qu'avec de petits vapeurs la
péche a été assez abondante non-seulement pour
approvisionner le marché de Montevideo mais encore
pour permettre l'exportation sur Buenos Aires.
En admettant que les pécheurs trouvent une rému-
nération suffisante de leur travail et des capitaux en-
gagés dans la vente du produit de la péche au pa-
langre, en admettant que Pentreprise exportatrice
fasse de bonnes affaires—et tout ceci serait a dé-
montrer—il ne faut pas oublier que C'est gráce seu-
lement au prix élevé, voire méme exorbitant, qu'at-
teint le poisson a Montevideo.
Sur la grande, sur l'immense majorité—sur tout
le pays, moins les pécheurs—retombent les consé-
quences (une routine qui leur fait employer des en-
gins universellemeni abandonnés.
Partout, en effet, c'est le filet trainant qw'utilisent
les vapeurs et méme, en ce qui concerne la péche á
la morue, cet engin se substitue aux anciennes ligues
de fond.
Déja, en 1904, la «Jeanne», vapeur chalutier, en-
treprenait son second voyage et il faut que la supé-
riorité de la péche au filet trainant soit indiscutable
E
pour que des armateurs r'aient pas hésité á risquer
leurs engins dans des mers couvertes de brume, et
dont le fond est hérissé d'ancres perdues et de co-
ques de navires coulés.
Indastriel, un engin Pest toujours lorsqu'il nourrit
celui qui Putilise et, si les palangres r'existaient pas,
la péche a la canne pourrait étre industrielle.
Mais lorsqu'un arrét dans le progrés impose á la
population de tout un pays des prix excessifs pour
un article comme le poisson, lorsque la «cristallisa-
tion» dans des procédés antiques d'une petite mino-
rité transforme en article de luxe un article de pre-
miére nécessité, le devoir du Gouvernement n'est-il
pas de favoriser la marche vers le progres pour le
plus grand bien de tous? Il nous paraít que si.
Et, si la transformation des procédés de péche de-
vait entrainer une perturbation passagére dans la vie
dun groupement sourd á lVévolution du milieu qui
lenvironne, il ne faudrait y voir que la rancon du pro-
grés, de ce progrés dont ceux qui se plaignent au-
jourd'hui seront demain les premiers bénéficiaires.
Le «bou», que nous avons pu voir á loeuvre, ne
nous semble pas indiqué pour une exploitation in-
tensive—intensive dans la limite ou Je lui permet-
tront les reglements dont nous parlerons plus loin.
Tel qu'il existe actuellement, le «bou» nécessite
Pemploi de deux vapeurs, avec chacun un équipage
de dix ou Onze marins.
La mise á leau est assez délicate, la manceuvre,
durant la péche, difficile avec un peu de mer; la re-
leve, des plus pénibles par beau temps, est tres lon-
gue el devient impossible quand le vent se fait sentir
ou quand la houle est un peu forte.
Enfin, avec temps dur, il est inutile de songer á
sortir en mer, les vapeurs employés ne pouvant,
méme libres du filet, résister á une bourrasque.
Le bilan est donc le suivant: nécessité de deux va-
peurs, de deux équipages avec grosse consommation
de charbon et impossibilité de se livrer á la péche,
sauf par beau temps.
Avec un grand vapeur de péche, au contraire, qu'il
s'agisse de l'emploi du chalut ou de celui du filet-a
plateaux, la péche s'effectue méme par temps dur,
la mise a Peau et la releve de Pengin se font rapi-
dement et sans fatigue; un équipage de douze hom-
OE
mes est suffisant et la dépense de charbon est. forcé-
ment inférieure á celle de deux petits vapeurs. Ajou-
tons, qu'en cas de mauvais temps, les chalutiers et
les «trawlers» peuvent rapidement relever leur filet
et, tres marins, résister parfaitement a la tempéte.
Nous avons eu lPoccasion, tant au cours de nos
eroisiéres dans le golfe de Grascogne, que durant une
mission sur la cóte occidentale d'Afrique, d'appré-
cier les qualités remarquables des bateaux pécheurs
et les garanties qu'ilseprésentent pour la vie des ma-
rins qui composent leurs équipages.
Les cótes de Pest de la République Orientale de
PUruguay ont la réputation d'étre particuligrement
dangereuses et une entreprise aurait-elle les oreilles
fermées á toute considération d'humanité, ne doit,
dans son propre intérét, y envoyer que des vapeurs
solides, construits pour lutter avantageusement con-
tre les tempétes.
Centres d*exploitation
L'existence de points d'atterissage sur la cóte, de
ports méme: la baie de Maldonado, le port de La
Paloma, dans quelque temps, et la possibilité 'ache-
ter des terrains á des prix peu élevés permettront
aux industriels futurs de s'installer sur les lieux mé-
mes de production, groupant autour de leurs usines,
de leurs sécheries, les maisons de leurs employés,
créant ainsi des centres de colonisation qui s'aug-
menteront des commerces variés dont la présence
dun noyau industriel, en un point quelconque, fait
naítre la nécessité.
D'autre part, dans un avenir certainement peu
éloigné, le chemin de fer arrivera j¡usqu'a Maldonado
et des facilités de transport viendront ainsi s'ajouter
a celles qu'offrent déja les entreprises maritimes
dont les vapeurs desservent les cótes de l'est.
Dans de si avantageuses conditions, avec un champ
aussi vaste, aussi riche et inexploité comme celui
qui s'offre á elles, il n'est pas douteux que des en-
treprises se fixeront dans la République.
Et, lorsque, faisant un retour en arriére, nous re-
portons notre pensée sur la cóte occidentale d'Afri-
que, dans cette baie du Lévrier oú nous avons été
recus par quelques Mavres inhospitaliers, quand nous
songeons que lá ou en 1905 il yy avait rien qu'une
végétation brúlée par le soleil, brúlée par Pair de
la mer, sans aucun vestige du passage de lP'homme,
et que, a 650 kilometres au nord de Dakar, sans au-
tre moyen de comunication que la route du désert
ou celle de l'Océan, il s'est fondé un centre industriel,
quun phare s'éléve á l'extrémité du Cap Blanc, que
des wagons roulent desservant les concessions, ve-
nant chercher le poisson sur le móle auquel accos-
tent les vapeurs des entreprises de péche, qu'une
station de télégraphie sans fil meten communication
Port-Etienne avec Paris et avec Dakar, qu'existe un
eroupement industriel lá ou il n'y avait pas d'eau, et
que nou comparons avec la cóte mauritanienne les
cótes de Pest de la République Orientale de PUru-
guay, splendidement illuminées, avec de leau, avec
une population laborieuse, avec du commerce, avec
la vie enfin, plus encore, avec de la joie—car Punta
del Este offre déja ses distractions a de nombreux
baigneurs—nous ne pouvons faire autrement qu'ajou-
ter, par la pensée, á ces manifestations de lactivité
húmaine, quelques centres industrieis qui tireront,
des richesses de la mer, des bénéfices aussi certains,
plus certains méme, que ceux que dispense la terre
a celui qui la cultive, et nous ne pouvons croire que
ce qui n'est encore qu'un produit de notre imagina-
tion, ne devienne, á bref délai, une brillante réalité.
Eréations indispensables
Mais les considérations qui détermineront, tout porte
a la croire, la formation de: sociétés de péche, la
création d'industries nouvelles, le plan Vexploitation
dans lequel nous nous sommes préoccupé de mettre
en évidence tout ce qui peut étre la source d'un bé-
nófice, si minime soit-il, n'ont, en somme, trait qu'aux
capitaux de particuliers ou de sociétés et aux avan-
tages que pourra retirer indirectement le pays de
leur mise en valeur.
Nous limiter á de telles considérations serait ou-
blier importance du travail que S. E. Monsieur le
Président de la République nous a fait lhonneur de
nous confier, serait rabaisser une question d'intérét
PrRAO
Fig. 25.—La sécherie et le dépot
— 07 =
cénéral, serait méconnaitre les vues supérieures qui
ont inspiré le Gouvernement dans la résolution de
faire étudier la faune aquatique de "Uruguay, oublier
aussi le róle supérieur de PEtat sur lequel nous in-
sistions en exposant le plan des recherches a effec-
tuer. (Voir ci-dessus p. 8.)
Station de biologie marine
Pour arriver á la connaissance de la biologie des
élmes. marins, pour déterminer les lois auxquelles
obéissent les migrations des poissons, pour mener a
bien les multiples et délicates observations qui devront
s'échelonner sur un grand nombre d'années, il est
absolument indispensable dVemployer des appareils
spéciaux, d'établir des milieux d'observation et d'ex-
périences, d'avoir recours á des installations appro-
priées, de créer, en un mot, une Station de biologie
marine.
La connaissance de la biologie des poissons, crus-
tacés et mollusques West d'ailleurs pas la seule que
doivent acquérir ceux qui seront appelés a fournir
des renseignements aux industriels; celle des orga-
nismes microscopiques qui flottent á la surface de
Pocéan, ou se maintiennent entre deux eaux, leur
permettra, plus rtapidement encore, de dire vers quels
parages le pécheur doit diriger son vapeur pour faire
dVabondantes captures.
Ces éelres innombrables, dont la présence á peine
altere la limpidité des eaux, dont les marins ne soup-
connent méme pas VPexistence, le plantifon, pour lui
donner le nom qu'il doit a Johannes Muller qui, le
premier, Pobserva, renferme des algues microscopi-
ques, des animalcules qui mangent ces algues, des
larves de crustacés qui mangent les «ulgues et les
animalcules et, par surcroit, se mangent entre eux.
Les anchois, les sardines font la chasse a ce fréle
gibier, les poissons ichthyophages suivent, suivis eux-
memes des mammiféres marins. Et cest de Pabon-
dance de ce «plankton», qui a besoin de chaleur et
de lumiére, que dépend, dans une large mesure, l'ar-
rivée ou le départ des poissons voyageurs.
Cette étude des infiniment petits peut étre menée
a bien par les naturalistes seuls.
5.
— EE
En France, depuis longtemps déja, tout une bor-=
dure de- laboratoires maritimes fonctionne sur les
cótes: Boulogne, Wimereux, Luc-sur-mer, Saint
Vaast-la-Hougue, Roscoff, Concarneau, Les Sables-
d'Olonne, Arcachon, Guéthary, Banyuls, Cette, Mar-
seille, Tamaris, Villefranche et, en Algérie, Alger
possedent des stations zoologiques et un personnel
scientifique. Saint Vaast- la-Hougue posseéde méme
une installation compléte de piscifacture.
Ce qui a été fait sur de si nombreux points en
France pourrait étre fait sur un point au moins de
la cóte marine de lPUruguay, au début des études
dont la nécessité nous parait surabondamment dé-
montrée, et une seconde station devrait étre établie
sur le Río de la Plata.
École de péche
Le vapeur mis á la disposition du Directeur de la
Station pourrait, en méme temps que d'instrument de
recherches, servir de bateau-école pour la péche.
Les pecheurs des cótes de la République Orientale
de PUruguay ont pu, en effet, gráce a Vabsence ab-
solue de concurrence, s'en tenir á Putilisation d'en-
ains dont usage remonte tres loin, et a la vente du
poisson a Pétat frais.
Nous avons déja dit la valeur des préparations de
poisson sec faites par un nombre trés réduit de pe-
tits commercants.
Mais, a Pheure actuelle, des concurrents se dres-
sent devant les pécheurs orjentaux, d'autant plus re-
doutables qu'ils sont puissamment outillés et em-
ploient les plus perfectionnés parmi les engins mo-
dernes. La lutte pour la suprématie sur le marché
de Buenos Aires est déja ardente. La stagnation
dans la routine supprimerait rapidement un impor-
tant débouché et peut-étre méme la nouvelle entre-
prise porterait-elle la lutte sur le marché de Mon-
tevideo. Non seulement Pexportation pourrait cesser
mais encore assisterait-on presque súrement á ce
triste spectacle de voir le marché uruguayen d'expor-
taleur devenir importateur.
ll est donc indispensable de former une génération
de pecheurs connaissant la manceuvre des vapeurs
et des engins modernes.
<A
Le vapeur de la Station biologique pourrait étre,
pour les apprentis pécheurs, ce qu'est le bateau-
école pour les marins de la flotte de guerre. Tous
les ans embarquerait sur ce bátiment un certain
nombre d'apprentis qui, au cours de campagnes suc-
cessives, qui dureraient á peu pres toute l'année, se
familiariseraient avec les manceuvres d'un bateau á
vapeur, seraient exercés á la péche en haute mer,
soit avec les filets dérivants, soit avec le chalut, soit
avec le filet á plateaux ou «ottertrawl».
Les voyages sur les différents points de la cóte
serviraient a la formation de pilotes et permettraient
la visite d'usines, chantiers de construction, établis-
sements ayant des rapports avec Pindustrie de la
peche.
Cette école, en méme temps qu'elle formerait des
marins pour la flotte de guerre, assurerait le recru-
tement des équipages des bateaux de péche, voire
méme des patrons. Les capitalistes hésiteralent cer-
tainement moins á engager leurs disponibilités dans
des entreprises que labsence de marins spécialistes
livre, actuellement, aux hasards d'un formidable in-
connu.
Les entreprises, nationales comme étrangéres, ba-
sées sur Putilisation des engins modernes, voient, en
effet, se dresser devant elles le probléme de la main-
d'oeuvre.
Dans les conditions actuelles. les industriels qui
voudront utiliser le chalut ou le filet á plateaux se-
ront dans 'Pobligation de faire venir d'Kurope leur
personnel.
Celui-ci, accoutumé á des salaires inférieurs a celu1
que Pon paye en Uruguay coúterait moins cher, méme
avec le paiement d'une prime pour le séjour en Amé-
rique, que la main-d'oeuvre indigéne. Ce serait done
le chómage forcé pous les pécheurs actuels.
Aprés la création et le fonctionnement d'une école
de péche, il en serait tout autrement et les entrepri-
ses de péche trouveraient, en Uruguay, une main-
d'oveuvre n'ayant rien á envier á la main-d'oeuvre
européenne et infiniment supérieure, comme stabilité,
aux marins travaillant 4 des milliers de kilométres
de leurs familles.
Les pécheurs actuels n'auraient pas á payer, par
un chómage prolongé, la rancon du progres que
— AO
constitue la substitution des engins modernes aux
appareils un peu antiques et de valeur industrielle a
peu prés nulle, en usage actuellement sur les cótes
de la République Orientale de Uruguay.
Le Gouvernement pourrait, d'ailleurs, le jour ou de
bons éléments seraient offerts aux entreprises, obli-
ger ces derniéres a armer leurs navires avec une
majorité d'orientaux, ce qu'il ne pourrait raisonna-
blement exiger en ce moment.
Les installations de la station biologique, ses ré-
servoirs, ses aquariums, ses laboratoires offriraient,
en meéme-temps, «de précieux maternal Séfdes mos
yens de travail uniques aux médecins désirant s'adon-
ner á certaines études physiologiques.
Sans cesser d'avoir recours á la généreuse hospi-
talité des laboratoires d'Kurope, ils pourraient pour-
suivre á loisir leurs travaux et apporter une impor-
tante contribution a la solution des problemes de la
physiologie, contribution d'autant plus intéressante
que leurs recherches pourraient s'étendre á des exem-
plaires de la série animale qu'il est impossible de se
procurer vivants en Europe.
Musée de péeche
A la station biologique, rien ne serait plus facile
que Padjoindre un Musée de péche que constitueraient
des exemplaires ou des réductions des divers engins,
bateaux de péche, appareils de sondage, etc., actue-
llement utilisés.
Nous sommes certain que des demandes adressées
aux constructeurs, des échanges avec les stations et
musées existants permettraient la rapide formation
dun musée du plus haut intéret dont la visite, a elle
seule, constituerait tout un enseignement.
Carte des fonds de péche
Mieux instruits, les patrons de péche pourraient
rendre de précieux services et leurs observations
permettraient létablissement rapide d'une carte des
fonds de péche.
I"établissement de ces cartes, préconisé au Congrés
Ad
des Sables-d'Olonne en Aoút 1896 par M. Edmond
Perrier, Directeur du Museum d'histoire naturelle de
Paris, demandé au méme Congrés par M. E. Canu,
Directeur de la Station aquicole de Boulogne-sur-
mer, permettrait aux pécheurs de se diriger exacte-
ment sur les parages ou ils sauraient pouvoir faire
une'Técolte abondante; de ne jeter leurs filets que
la ou Pabsence d'obstacles naturels (affleurements ou
tétes de roches) ou accidentels (épaves, ancres per-
dues) est un garant de pouvoir les trainer sans
aucun risque.
Ces cartes indiqueraient la nature trés exacte du
fond, les profondeurs, la direction et lintensité des
courants, etc.
Depuis lonetemps on s'est occupé de cette question,
non-seulement en France, mais en Angleterre, en
Allemagne, en Norwege, aux Etats- Unis, ete.
La «Scottish Marine Station de Granton» a l'aide
de son yacht dragueur «Medusa» et de son Labora-
toire flottant P«Ark» poursuit létude de lPocéano-
eraphie des cótes écossaises.
Ainsi la science que possedent quelques pécheurs
de certains parages, gráce a une expérience déja
longue, pourrait s'acquérir rapidement, pour toute
Pétendue des cótes, avec une carte convenablement
dressée.
Carnet de péeche
L"établissement des cartes des fonds de péche se-
rait beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide
qu'il ne peut le sembler á premiére vue.
L'existence, á bord de chaque bateau, d'un carnet
de peche soigneusement tenu permettrait une centra-
lisation et un rapide contróle des renseignements
recueillis, des observations faites.
Chaque patron ferait un relevé des lieux ou se
sont effectuées les meilleures péches, du nombre, de
la qualité et de lPabondance des espéces capturées,
en indiquant également la route suivie, avant et pen-
dant la péche, la profondeur de l'eau, la nature des
fonds, etc.
En tenant compte des derniéres modifications ap-
portées aux formules des carnets de péche, en nous
inspirant des intéréts de lP'heure présente et ayant en
vue la possibilité de recueillir des renseignements
intéressants, pour le biologiste comme pour le pé-
eheur, nous en avons établi une nouvelle dans l'im-
portant ouvrage que nous avons en préparation.
Ces créations importantes, indispensables méme,
lPintéréet tout particulier dont est Pobjet de la part de
Son Fxcellence Monsieur le Président de la Répu-
blique et de Monsieur le Ministre d'Industries, Tra-
vail et Instruction Publique, docteur A. Giribaldi, cette
capitale question des «pécheries», un peu abandon-
née jusqu'a lP'heure actuelle, suggéreront, nous n'en
doutons pas, toutes les mesures utiles a son dévelop-
pement et nous sommes persuadé que des facilités
particuliéres seront offertes aux entreprises désireu-
ses dese fixer en Uruguay.
Un des moyens employés pour attirer les indus-
triels dans les pays neufs, ou lorsqu'il s'agit d'ex-
ploitations nouvelles, est la mise a leur disposition
de concessions.
Nous ne croyons pas que, dans Pétat actuel de la
question, il y ait lieu d'avoir recours á ce stimulant.
Les concessions pourraient étre uniquement des
concessions territoriales et le prix des terrains sur
la cóte ne justifie pas, nous semble-t-il, une telle
faveur.
Les facilités d'exploitation que nous avons mises
en évidence sont suffisamment grandes, les dépenses
a charge de l'Etat pour Pétablissement d'une admi-
rable ligne de phares constituent de sa part une suf-
fisante contribution pour que les entreprises puissent
comprendre dans leurs immobilisations lPachat de
Pétendue de terrain nécessaire á leur exploitation.
Nous ne eroyons pas qu'il puisse étre question de
eoncessions de péche. Les eaux marines sont libres
á tros milles en mer et les eaux territoriales com-
prises entre la cóte et la limite internationalement
admise doivent, á notre avis, servir, jusqu'áa plus am-
ple informé, de lieu de refuge aux espéces poursui-
vies au large par les engins de l'industrie moderne.
En ce qui concerne les eaux territoriales du Rio
de la Plata, la méme protection pourrait étre assurée
en laissant la péche libre pour tous en debhors de la
limite de trois milles.
Il "y a aucune raison militant en faveur de la
Fig. 26.—La distribution du poisson telle qu'elle s'effectuait autrefois.
e
os
pe
pa
Ma
Me] F
Mata
1 A
création de personnalités privilégiées (particuliers ou
sociétés ), dont le premier soin serait de faire payer
á tous, par le maintien de prix élevés, la faveur á
eux accordée.
Nous estimons, cependant, que, pour encourager,
pour faciliter la fixation d'entreprises de péche, 'Etat
pourrait leur accorder la remise de tout ou partie
des droits de douane frappant les matériaux, appa-
reils, etc., nécessaires á l' exploitation, comme cela
a lieu pour certaines industries.
La remise de la patente pourrait également étre
concédée durant une période á déterminer.
Enfin, dans le cas 0u, au début, le Gouvernement
croirait devoir accorder des concessions territoriales,
nous estimons que C'est seulement aux particuliers
ou sociétés présentant toutes garanties que devront
étre dispensées les faveurs de 'P'Etat.
Comme nous lécrivions en 1906, avec M. le pro-
fesseur Gruvel, dans notre plan dVPorganisation des
péecheries de la cóte occidentale d'Afrique, il ya lieu
Wécarter tout d'abord les spéculateurs dont lidée est,
non dVentreprendre une exploitation, mais de s'assu-
rer les terrains y nécessaires pour les passer... avec
un honnéte bénéfice, á des industriels désireux de
travailler.
De telles opérations ont pour résultat de retarder
les débuts des exploitations, de diminuer, par une
lourde immobilisation résultant de Pacquisition de
terrain á des prix majorés, le fond de roulement d'une
SOEI6té.
D'autre part, nous ajouterons que les avantages
accordés devront Pétre seulement a des entreprises
bien étudiées, dirigées par des gens compétents et
possédant les capitaux nécessaires á une exploitation
sérieuse.
Il faut éviter a tout prix que 'U'insuccés d'une seule
société, mal dirigée ou manquant de ressources, vien—
ne jeter le discrédit sur une région dont lP'essor éco-
nomique pourrait étre ainsi retardé de dix, vingt ou
trente ans, s'il Nétait á jamais paralysé par Pécho
(un désastre industriel dont des voix intéressées ne
manqueraient certainement pas d'augmenter les pro-
portions pour en exagérer la signification véritable.
Un particulier, une société ont, jusqu' 4 un certain
point, le droit—et moralement nous r'admettons pas
cette liberté—de compromettre leurs capitaux dans une
entreprise mal concue ou mal adminbistrée. L'Etat,
par contre, a le devoir de ne pas laisser jeter le dis-
crédil sur une portion, si faible soit-elle, de la ri-
chesse nationale.
Et si nous insistons sur ce point, si nous sommes
disposé á ne pas trouver excesives les garanties qui
pourront étre demandées aux concessionnaires futurs,
c'est que nous conservons, tres vivant dans notre es-
prit, le souvenir des déboires suecessifs qui avalent
jeté sur les cótes de la Mauritanie une défaveur con-
tre laquelle luttait en vain une richesse ichtyologique
incomparable.
Il Ya fallu rien moins que Pindomptable persévé-
rance, Vesprit éclairé et la ferme volonté d'un remar-
quable Gouverneur des colonies pour pouvoir orga-
niser la Mission á laquelle nous avons eu l'honneur
WVappartenir et dont le résultal a été la création de
plusieurs exploitations forissantes lá ou vingt entre-
prises avaient sombré, en engloutissant leurs capi-
taux, leurs energies et, ce qui était infiniment plus
grave, le renom une cóte admirablement poisson-
neuse.
Les demandes de concessions devront donc etre
tres sérieusement examinées par une commision spé-
ciale et impitoyablement rejetées quand les signa-
taires ne présenteront pas toutes les garanties re-
quises.
Encore une fois: au moment oú une industrie nou-
velle va prendre son essor, il ne faut pas oublier
que le moindre coup pourrait lui étre fatal.
Reglementation
Aux restrictions que nous avons indiquées —prohi-
bition de Pemploi de la «red de arrastre» dans la
zone de trois milles—devront étre ajoutées celles de
la réglementation de la péche avec Jes engins actuel-
lement en usage á P'intérieur de cette zone de trois
milles.
D'aucuns s'éléveront probablement contre la prohi-
bition de Pusage des filets trainants dans la zone in-
diquée. Nous croyons que c'est véritablement le mí-
nimum quí se puisse demander.
Au cours de nos séjours sur les divers lieux de
péche d'Europe et d'Afrique, nous avons pu nous
rendre compte des dégáts commis par les pécheurs
du littoral qui emploient des filets a mailles extréme-
ment réduites et n'hésitent méme pas á avoir recours
a des toiles d'emballage (Vusage de tissus plus se-
rrés étant rendu impossible par la résistance de l'eau).
Nous ne pouvons mieux faire que rappeler ici une
communication faite au Congrés de Dieppe par M. le
Président de la Chambre de commerce de la méme
ville: M. Bourgeois relatait le fait suivant: «dans la
baie de la Somme sur douze corbeilles de poissons
deux sont vendables, les dix autres sont rejetées Ou
apportées á terre pour y servir d'engrais ou de nour-
riture pour les pores.»
Depuis notre arrivée en Uruguay nous avons pu
nous rendre compte que les pécheurs qui utilisent la
«red de playa» Wont rien á envier á ceux de la Som-
me et nous devons ajouter que les amateurs de « me-
dio-mundo » (1) qui vont, les jours de féte, promener
leurs loisirs sur les digues et leur engin dans Jes
eaux du port sont de terribles destructeurs.
Nous avons vu des bidons de pétrole remplis de
«pejerreves» ne dépassant pas quelques centimétres
et, pour attirer le fretin dans le «medio-mundo»,
tout est bon á ces pécheurs quí font, sur le pavé de
la digue, une immonde bouillie, pilant sous une pier-
re les crabes, qwils ont capturés et les poissons
trop petits pour avoir les honneurs de la friture.
Etant donné qu'un bidon de pétrole a une conte-
nance de 15 a 16 litres, on est effrayé á la pensée du
nombre de jeunes «pejerreyes» ainsi détruits.
Enfin, durant la semaine sainte, nous avons vu fi-
gurer au marcbé du port, sur Pétal d'un marchand
de poissons, que nous ne voulons pas désigner, des
«curbinas» ne mesurant guére plus de 10 centime-
tres.
Signaler ces abus est indiquer la nécessité d'y
mettre un terme le plus rapidement possible.
I'établissement de points d'élevage de Phuitre et
.
(1) Le «medio- mundo» est un filet rond constitué par un cerele métallique auquel
est attachée une poche trés peu profonde faite (un maillage de fils de cuivre et
quí, suspendu au moyen de trois cordes á P'extrémité (un báton, se manouvre de-
puis les digues ou du bord des rochers. Le maillage, extrémement étroit, en fait
un engin excessivement meurtrier pour les alevins et le menu fretin.
o
de la moule ne devra pas étre compromis par Pex-
ploitation désordonnée des mollusques actuellement
existants.
Une réglementation provisoire s'impose donc et
Pétablir ne sera possible (comme nous Pindiquions
dans le projet qui figure au début de ce travail ) qu'en
s'inspirant des réglements existants chez les nations
dont les cótes présentent des conditions voisines de
celles de la République O. de Uruguay, pour modi-
fier ensuite ces réglements dans les parties dont l'in-
suffisance et le défaut d'adaptation auront été mis en
évidence par les études biologiques pratiquées.
Inspection de la péeche
Etablir des reglements est bien mais insuffisant. Il
faut qu'une organisation spéciale en assure l'exécu-
tion, D'oú nécessité de créer une inspection de péche
dont la surveillance devra s'exercer á la fois sur les
lieux oú elle se pratique.et sur les points ou sont
mis en vente ses produits.
Frapper d'une amende ceux qui offrent au public
des poissons dont les dimensions sont inférieures a
celles indiquées par les réglements, tout en confis-
quant ces mémes poissons, est un des meilleurs mo-
yens d'assurer le respect de la réglementation. Le
jour ou les pécheurs ne seront plus assurés de pou-
voir écouler avantageusement les poissons capturés
á Paide de filets prohibés, soit pour leur mode d'ac-
tion, soit pour les dimensions de leurs mailles, ¡ls
cesseront rapidement (V'utiliser de tels engins.*
D'autre part, la confiscation de ces mémes engins,
quand les inspecteurs surprendront des embarcations
se livrant á la péche clandestine, sera un excellent
moyen de mettre un terme á la destruction inces-
sante qui s'exerce actuellement au tres grand preju-
dice des pécheurs respectueux des réglements et—
fait plus grave encore—de la multiplication des pois-
sons dont les alevins disparaissent par milliers.
-JUguI9[[9nJ98 9199439,S 9119,¿1nb 31193 UOssIOd NP UOYNQLISIP VI] —*LE 314
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Rd
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De
=
La
Département de péche
Les diverses créations dont nous croyons avoir
mis en évidence Pabsolue nécessité devront consti-
tuer un tout absolument homogéne, sous une méme
direction et nous estimons que Pimportance des in-
térets en jeu justifie largement la création d'un dé-
partement spécial, placé sous la trés haute autorité
de Son Excellence Monsieur le Ministre d'industries,
travail et instruction publique.
Nous n'entrerons pas ici dans les détails de Por-
ganisation 'un tel département, nous proposant d'ex-
poser ultérieurement nos idées á ce sujet.
Mesures transitoires
Mais la création d'une station de biologie marine,
dVune école et un musée de péche, Pétablissement
dVune réglementation appropriée aux conditions de
PUruguav et (une inspection des péches, l'organisa-
tion un département spécial réclament des études
préparatoires un peu longues quelque grand que soit
le désivr Varriver á une prompte solution.
Les travaux que nous avons effectués ne consti-
tuent, en somme, qwune faible partie d'un ensemble
qu'il y a le plus grand intérót—le résultat des pre-
miéres recherches la mis en évidence—qu'il y a le
plus grand intéret, disons-nous, a poursuivre immé-
diatement.
Nous estimons qu'il devrait étre procédé sans délai:
10) A Pexploration des eaux baignant les cótes de
Vest, dans la partie que nous navons pu étudier
dans notre premier voyage, c'est-á-dire du cap Santa
María á la frontiere brésilienne.
20) A Pétude de la cóte á terre, depuis Montevideo
jusqu'á la méme frontiére, en ayant surtout en vue
la recherche des parages oú il serait possible d'éta-
blir des salines et Ventreprendre Postréiculture et la
muytiliculture.
30) A Pétude de toutes les lagunes bordant la méme
cóte et qui, par leur communication constante ou inter-
mittente avec la mer, présentent un intéret tout spé-
>
cial au point de vue de l'élevage de certaines classes
de poissons et de mollusques.
Les matériaux recueillis au cours de notre mis-
sion, et ceux que nous recueillerons dans nos vova-
ges futurs, nous permettront la constitution rapide
d'un musée de la faune aquatique de la République
Orientale de Uruguay.
Durant le période d'étude des créations sus-indi-
quées, nous sommes persuadé qu'il est indispensable
WVeffectuer les travaux que nous venons de men-
tionner.
lls permettraient de faire des observation du plus
haut intérét, de recueillir des éléments importants et
c'est a ces recherches que nous avons l'intention de
consacrer les heures que nous laisse libres notre en-
seienement a PInstitut d'agronomie.
Dans le but de faciliter lentrée de la rade de Mal-
donado aux bateaux pécheurs, que les résultats de
notre croisiére pourront amener á venir travailler sur
la cóte de Pest, nous croyons qu'il y aurait lieu d'é-
tudier la création d'un feu á placer á la pointe sud
de Pile Gorriti. Guidés par ce feu et le phare déja
existant, les vapeurs pourraient entrer et sortir de
Pabri naturel quí leur est oftert etcetle Creation ren=
drait en méme temps service aux bátiments mar-
chands qui viennent chercher un refuge 4 Maldo-
nado. :
Progres réalisés
Depuis que nous avons terminé ce rapport, des
modifications extremement heureuses se sont produi-
tes dans Pexploitation de la péche en Uruguay.
P'entreprise P. Galcerán, encouragée par les résul-
tats que nous avions pu obtenir méme en ne serrant
pas de tres pres les réalités d'une exploitation in-
dustrielle, enveya, quelque temps aprés notre retour,
une partie de sa flottille de vapeurs et de voiliers
sur la cóte de Vest.
C'est la baie de Maldonado qui fut prise comme
base Popération. La peche s'effectue au large, en
dehors de la ligne des caps qui déterminent la li-
mite du Rio de la Plata (cap Santa Maria, cap An-
a JN
tonio) au moyen du «bou» trainé par deux vapeurs.
A la cóte ou du moins á une faible distance, les
voiliers se livrent á la péche aux palangres.
Tous les jours ua vapeur, aprés avoir embarqué le
produit de la péche des divers petits bátiments, quitte
Punta del este de maniére á arriver á Montevideo
avant le départ des vapeurs qui font la traversée
Montevideo -Buenos Aires.
Au bout de quelque temps, gráce a la connaissance
des lieux acquise par les patrons des vapeurs, l'im-
portance des captures augmenta considérablement et
on put songer, non-seulementá aceroitre Pexportation
sur la capitale voisine, mais encore á faire bénéficier
Montevideo de lP'heureuse amélioration produite dans
lesrendement de la peche:
Un groupe de personnes progressistes eut l'idée de
profiter des circonstances pour en finir avec les re-
erettables pratiques qui faisaient jusqu'alors du pois-
soñ un article de luae. Une société fut fondée sous
le nom de «Proveedora de pescado» et sa direction
confiée á Pintelligente activité de Monsieur André J.
Soca.
Faisant disparaitre ce que Pon peut sans exagéra-
tion appeler «un abus», abus dont sont coupables
beaucoup plus les intermédiaires que les pécheurs
eux-mémes, la «Proveedora de pescado» voulut
également mettre fin a la déplorable facon dont s'ef-
fectuait le transport du poisson dans les rues.
Jusqu'áa ce jour, en effet, les revendeurs achetaient
au móle des pecheurs le poisson attaché par groupe
de nombre variable mais de poids a peu pres cons-
tant (trois kilos environ) et désigné sous le nom de
«collera ».
Ces «colleras» sont constituées par la réunion de
plusieurs poissons dans les opercules desquels on a
passé quelques brins de jone qui sortent par la
bouche.
Les revendeurs suspendent ces «colleras» aux deux
extrémités dun long báton qu'ils portent sur lPépaule
et vont ainsi par les rues, offrant leur marchandise
et criant le nom des poissons pour avertir de leur
passage.
De quelle quantité de poussiéres se couvrent les
poissons, cela est impossible á déterminer. Ft, pour
peu que le soleil fasse sentir Pardeur de ses ra-
> E
yons=-ce qui D'est pas rare sous le ciel serein de
Montevideo—on peut se figurer aisément dans quel
état parvient aux consommateurs une marchandise
qui n'est méme pas vidée.
Quelquefois, au lieu de suspendre les «colleras»
aux extrémités d'un baton, les revendeurs les placent
dans deux corbeilles qui sont suspendues aux extré-
mités d'une perche á la facon des plateaux d'une
balance aux extrémités dun fléau.
Dans Pun et Pautre cas une protection illusoire est
assurée contre la poussiére par une toile d'emballage
placée soit sur les pojssons suspendus soit sur les
corbeilles. Elle est mouillée avec des eaux d'une
propreté tres problématique et ra (autre effet que
de faire passer sur un lot de poissons une partie des
microbes des lots précédents.
Bien souvent il nous a été donné de voir—dans
les quartiers ouvriers C'est un spectacle journalier--
les poissons suspendus en «colleras» ou placés dans
des corbeilles séjourner sur le bord de la chaussée,
pendant que les revendeurs servaient leur clientéle
ou faisaient, dans quelque débit de boisson, des sta-
tions que la chaleur du jour et la fatigue d'une pro-
menade prolongée á travers la ville les portaient a
allonger considérablement.
Pendant ce temps leur marchandise se couvrait de
toute la poussiére soulevée par le passage des véhi-
cules et des rapides tranways électriques et la vérité
nous oblige á mentionner que quelquefois elle recoit
autre chose que de la poussiére, qui lui vient des
chiens promenant leurs loisirs par les rues.
La «Proveedora de pescado» répartit le poisson á
domicile au moyen de voitures munies de caísses
fermées placées sur les parois latérales.
En été le poisson peut-étre maintenu frais au mo-
yen de glace. Enfin cette entreprise vend du poisson
sans étre vidé—car telle était la coutume jusqu'á ce
jour —et aussi du poisson vidé. C'est lá une excel-
lente mesure qui, 11 y a tout. lieu de lespérero ha=
bituera peu a peu les consommateurs a accepter cet
article refusé sur le marché pour des raisons qui
nous échappent.
Dans ces conditions, le poisson, vidé a Parrivée se
conserve avec une facilité beaucoup plus grande et
A
cette éducation aura des conséquences excellentes
pour les pécheurs ceux -mémes. Sachant que le pois-
son vidé est aceepté, ils pourront effectuer Popération
aussitót la péche terminée et ne seront pas ainsi ex-
posés a jeter á la mer une partie importante de leurs
captures qui, en été, arrivent au port dans un état
de décomposition qu' expliquent surabondamment Pac-
cumulation des captures et lPélévation de la tempé-
rature.
Mais les progrés effectués dans la distribution du
poisson ne sont pas les seuls dont ait a se réjouir la
population de Montevideo. La nouvelle entreprise,
possédant de puissants moyens d'action, assurée (un
écoulement que facilitent la supériorité des produits
offerts et Pexistence de seize voitures de distribution
et de plusieurs postes de vente dans les marchés et
dans divers quartiers de la ville, a pu abaisser con-
sidérablement le prix de ses marchandises.
Elle s'est, d'autre part, assuré, par la passation
Vun contrat avec Ventreprise Galceran, la quantité
de poisson nécessaire á Papprovisionnement de ses
voitures et de ses divers postes.
Les précautions dont elle a su s'entourer lui per-
mettent de vendre le poisson au kilo (ce qui est une
innovation car le poids de la «collera» était déter—-
miné á vue d'ceil) etá prix fixe pendant toute Uanée.
Les prix sont fixés comme l'indique le tableau
ci-apres:
COMMUN | Prix le Ko FIN || Prix le Ko
|
Filets de curbina. . || Brótulas.
Filets de pescadilla . | Burriquetas
Barsos blancos -... + || | Lenguados . ;
Curbinas o Pescadilla de red. o
Pescadillas . o O || Pejerreyes . [Qu =
Palometas O | UV | Congrios de red o o
Congrios O "wo Anchoas 0
Bagres tf | 2 || Rubios bs E
Ravas E > || Bureles .
A Pámpanos
A A AS | Natas.
Chuchos. . ns Caballas
SAS. ebe., etc. +... || | Bonitos. 0 ato
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EXTRA - TIN || Prix le Ko. DIVERS Prix le Ko
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ALTOS dr | Mejillones . e
Pargos rosados | LS Almejas e MEA E
Meros 91 A Cangrejos . AA 8
Besugos. añ O Caracoles. a Y
Salmonetes. 08 O. Lanas A 0 5
a | LS 1
Soles. ed S —Langostines <=
Arda | Camarones .
| Huevos de pescados.
Les prix que nous indiquons correspondent a la
moitié ou au tiers des prix auxquels était babituée
la population en temps ordinatre. Lorsque, pour une
cause quelconque, le poisson était rare ou lorsqu'il
était plus recherché (notamment pendant le caréme)
les prix étalent majorés dans une proportion énorme.
Une «curbina» de demi-kilo était vendue couram-
ment % 0,20 ou $ 0,30. Pendant la seniaine sainte le
poisson devenait un article de tres grand luxe et les
families de la classe moverme ne pouvaient songer
a le vor figurer sur leur table:
Les engagements pris par la «Proveedora de pes-
cado» assurent donc á la classe la plus intéressante
— la classe: ouvriére —un aliment nutritif et sain dont
la nécessité se fait particulierement sentir dans une
population ou le bas prix de la viande en fait pres-
que Punique aliment.
En méme temps que la certitude d'un approvision-
nement régulier permettait la constitution d'une en-
treprise pour la vente du poisson, elle déterminait
certains fabricants de conserves á entreprendre une
fabrication que sa marche réguliére pourrait rendre
économique.
La maison Santini achéte journellement deux-cent
cinquante á trois cents kilos de poissons pour la pré-
paration d” «escabeche». Ce. sont plus particuliére-
ment des «curbinas », des «pescadillas » et des «con-
2rios ».
Une espéce qui est susceptible de permettre éga-
lement la préparation dun excellent produit sous la
méme forme est le «pejerrey» de grande taille ou
dos noir (lomo negro ).
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CARTE N. 3
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Embarcadere et
brise-lames de « Punta del este »
— 83 —
Conclusion
Nous venons de voir ce qu'était hier lP'industrie de
la peche dans la République Orientale de "Uruguay
et ce qu'elle est aujourd'hui.
Que sera -t-elle demain ?
Pour toutes les raisons que nous avons signalées:
abondance et excellente qualité du poisson, facilités
exceptionnelles de lPexploitation, proximité des points
de consommation, existence de marchés déjáa ouverts,
il y 3 tout lieu de croire qu'elle prendra rapidement
un brillant essor.
Déjáa nos modestes recherches ont éveillé Patten-
tion du commerce et des industries intéressées; déja
des demandes nous sont parvenues de divers cótés
et Europe méme, dont nous r'espérions pas voir
s'ouvrir le marché aux produits de la péche sud-
americaine, certaines préparations nous sont deman-
dées par plusieurs maisons importatrices.
Nous sommes persuadé que gráce á la haute pro-
tection accordée par le Gouvernement á la péche et
aux industries annexes, gráce aux travaux déja effec-
tués et qui seront suivis de nouvelles recherches,
eráce á l'laugmentation des facilités offertes aux ex-
ploitations (les travaux de construction du port de
«La Paloma» sont déja commencés) les richesses
mieux connues de la faune aquatique de la Républi-
que Orientale de Uruguay attireront et retiendront
Pattention des industriels et capitalistes aux dispo-
nibilités desquels est offert un emploi des plus ré-
munérateurs et qui serait sans aucun aléa si les
entreprises humaines n'étaient précaires par leur
essence méme. Mais nous pouuvons dire que les ris-
ques sont, dans le cas qui nous occupe, réduits au
minimum et que les chances de succés atteignent
une proportion bien rarement réalisce.
Aoíút, 1909.
o Sa
APPENDICE
Plus de deux années se sont écoulées de puis les
travaux de recherches que nous avons effectués sur
les cótes de Pest de la République Orientale de Uru-
guay et dont les résultats ont été exposés dans le
rapport présenté au Congrés de La Haye en 1909.
Quen a-t-il été de nos souhaits et de nos espé-
rances? Quel sort leur a-t-il été réservé par ces
deux années qui appartiennent a Pavenir que nous
entrevoyions si brillant?
Il pourrait sembler, á premiére vue, que nos pré-
dictions se trouvent en défaut et que la continuation
des recherches dont nous signalions Pimpérieuse né-
cessité ait été considérablement reculée, 4 s'en tenir,
du moins, a Pabsence de toute publication et de toute
indication de modification importante du mouvement
industriel durant ce laps de temps.
Nous sommes cependant heureux de pouvoir sig-
naler que s'il y a eu une stagnation tant au point de
vue de l'essor de lPindustrie qu'á celui de la conti-
nuation des études le «sur place» est beaucoup plus
apparent que réel.
Nous pouvons méme dire qu'une évolution lente et
continue eút bien difficilement amené au point ou
elle se trouve actuellement la question des pécheries
maritimes et de leur étude méthodique.
S'il rest que trop vrai que, durant deux années—
et sous Pinfluence de causes multiples qu'il n'y aurait
aucun intéret á exposer ici —les recherches que nous
avions entreprises ont pu paraitre paralysées, s'il est
vral que le mouvement d'industrialisation de la péche
dont on vient de lire Pexposition ra pas suivi la
marche que d'aucuns, dont nous sommes, eussent été
heureux de lui voir indéfiniment prolonger, nous de-
vons reconnaitre que, dans l'espace de quelques mois,
de quelques semaines devrions-nous dire, des pro-
eres inattendus, inespérés méme ont été faits tant
dans le domaine de Pétude scientifique de la question
«pécheries» que dans celui de son exploitation indus-
trielle. :
Une des premicres préoccupations du Gouvernement
actuel, aux destinées duquel préside Son Excellence
— So —-
Monsieur le Président de la République, José Batlle
y Ordóñez, a été d'assurer le développement des in-
dustries dejá existantes dans la République Orientale
de Uruguay ou susceptibles d'y étre implantées et,
au tout premier rang, a été placée la question «Pé-
che et industries annexes».
Moins d'un mois aprés la constitution du ministere
Son Excellence Monsieur le Ministre d'industries,
docteur Eduardo Acevedo, ncus faisait l'honneur de
nous confier l'établissement de Pavant-projet relatif
a la création d'un organisme qui aurait a connaitre
de toutes les recherches relatives a l'étude de la faune
aquatique de Uruguay et á son exploitation indus-
trielle.
Quelques jours aprés S. E. Monsieur le Président
de la République envoyait a l'Assemblée législative
un message relatif á la création d'un centre d'études
sur les bases que nous avjions cru devoir indiquer et
qui sont essentiellement exposées dans Jes conclu-
sions de notre communication au congrés de La
Haye.
La commission désignée par la Chambre des dé-
putés a étudié le projet présenté par S. E. Monsieur
le Ministre d'industries et ses conclusions sont favo-
rables á la mise en exécution du dit projet qui ra
souffert que de tres légéres modifications, d'ailleurs
uniquement inspirées par le souci d'augmenter les
moyens de travail mis a la disposition du personnel
scientifique auquel sera confiée l'étude de lPaquicul-
ture tant en eaux marines que dans les fleuves et les
lagunes.
Pour la création (une station de zoologie marine,
de piscifacture et de pisciculture; pour les installa-
tions nécessitées par les études relatives á la mytili-
culture, Postréiculture et l'acclimatation des crustacés
comestibles de grande taille (homard, langouste, etc.)
ainsi que pour Pachat d'un vapeur spécialement amé-
nagé pour les recherches en meril «a été destiné une
somme de g 150.000 soit plus de huit cent mille
frances.
Sans entrer ici dans les détails d'un projet dont
nous aurons prochainement lPoccasion d'exposer Pé-
conomie nous devons mentionner que le directeur de
la division d'aquiculture disposera non seulement du
matériel et des édifices nécessaires á toutes les étu-
— $b —
des et recherches qu'impose la solution des mille
problemes de cette branche de l'industrie, mais en-
core d'un personnel scientifique et technique spéciale-
ment choisi qui lui permettra d'obtenir des éléments
placés entre ses mains le maximum de résultats dans
le minimum de temps.
A Vheure oú paraítra cet ouvrage les conclusions
du rapporteur de la commision, Monsieur Héctor
Gómez, auront tres probablement été adoptees par
la Chambre des députés et nous sommes persuadé
qu'au Sénat le projet recevra le méme accueil que
tous ceux auxquels cette haute assemblée a déja preté
—Pappui le plus décidé parce que, comme celui quí nous
occupe, ils étaient inspirés par le souci du plus grand
et du plus rapide développement économique de la
République.
Voilá ce qui a été fait du. cóté officiel et, malgré
notre trés légitime impatience, nous rosions entre-
voir une aussi rapide et une aussi compléte solution
de la question soulevée par nos premiéres études.
De son cóté Pinitiative privée nr'a pas été moins
féconde. Plusieurs compagnies de péche, puissament
outillées, étudient déja les conditions dans lesquelles
il leur serait possible de s'établir sur les cótes ou
sur les rives des lagunes de ¡ia République Orientale
de Uruguay.
Des capitalistas dont, par discrétion, nous” devons
taire les noms et les négociations, étudient la création
de stations de péche dont P'installation repondra aux
exigences et aux derniers progrés de l'industrie mo-
derne.
Disons aussi qu'un groupe de capitalistes urugua-
yens se dispose á immobiliser des disponibilités dont
le montant dépasse un-million de frances pour la créa-
tion de colonies de péche qui seraient prochainement
fondées en divers points de la cóte: embouchure de
la riviétre Solis, cap José Ignacio, cap Santa María
et la Coronilla. j
L'étude de ce projet, soumis á lapprobation du Corps:
législatif, a méme suggéré lPidée de létablissement
une législation spéciale relative á toutes les entre-
prises de colonisation ayant pour base la péche et
les industries dérivées.
Nous ajouterons, enfin, qu'un. projet a été égale-
ment présenté pour lPétablissement de salines sur la.
Carte N.? 4
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Plan du port de «La Paloma»
Echelle 1:64.000.
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cóte marine de lVest de la République Orientale de
Uruguay.
Les progrés réalisés durant les deux derniéres années
ne sont d'ailleurs pas limités á des initiatives qui
vont trés prochainement entrer dans la voie de la
réalisation. Il y a déja enormément de fait et ceci a
tres heureusement précédé cela.
Ceci, C'est létablissement du chemin de fer jus-
qu'a Maldonado, c'est la construction d'un embarca-
dére et d'un brise-lames á Punta del este ainsi que
le dragage d'une partie de la baie de Maldonado,
c'est enfin la construction du port de La Paloma dont
les travaux se poursuivent trés activement depuis
plus d'une année.
Les plans de la baie de Maldonado et du port de
La Paloma dont nous devons la communication a
Pamabitité de Monsieur P'ingénieur Benavidez, direc-
teur du service hydrographique au ministére des tra=
vaux publics, donnent, Vailleurs, une idée tres exácte
de ce que sont les refuges offerts aux bateaux de
commerce et aux vapeurs de péche et des facilités.
qui leur sont offertes pour les opérations qu'ils peu-
vent avoir a effectuer. a
ll y a donc eu, au point de vue spécial qui nous
occupe, des progres considérables réalisés depuis la
rédaction de notre rapport d'aoút 1909.
- Ce développement de V'industrie de la péche v'a
pas été localisé en Uruguay. :
Dans la République Argentine oú, depuis de lon-
cues années, un savant trés distingué, notre excel-
lent ami Monsieur le docteur Lahille lutte pour la
Mméme Cause que nous, nous avons observé, durant
la méme période, un essor aussi intéressant au point
de vue de Pindustrie privée qu'a celui des recherches
officielles. >
Il existe dejá en Argentine un noyau industriel im-
portant dont un des composants essentiels est la So-
ciété anonyme «La Pescadora Argentina» qui, depuis
le début de 1911, ne dispose pas de moins de huit
vapeurs excellents qui utilisent l'otter-traw!l.
Des sommes importantes vont étre consacrées par
le Gouvernement á Pétablissement d'une station d'a-
quiculture marine et le caractere de ce travail m'obli-
ge malheureusement á passer sous silence tout ce
qui a déja été fait et les intéressants projets de Mon-
$
sieur le professeur Lahille, tant en ce qui concerne
Postréiculture qu'íau point de vue de J'acclimatation
en eau douce de nouvelles espéces poursuivie paral-
lelement avec Pexploitation des meilleures espéces
indigénes.
Au Brésil un rapport récemment paru insiste sur
les points que nous signalions déja en 1909 et sur la
convenance qu'il y aurait á créer une Direction gé-
nérale de la péche dotée du personnel scientifique et
pratique nécessaires pour effectuer l'étude d'une in-
dustrie pour ainsi dire encore naissante.
Enfin, nous savons qu'au Chili de études et projets
dus á Pinitiative du Gouvernement uruguayen sont
suivis avec le plus grand intérét eí qu'une haute per-
sonnalité insistait, il y a peu de temps, sur l'impor-
tance des avantages que de telles initiatives pourraient
rapporter á la florissante République de la cóte oc-
cidentale de lAmérique du Sud.
Sur tout le continent sud-américain, et tout spé-
cialement dans la République Argentine, la consom-
mation du poisson a pris un extension considérable
et les statistiques indiquent que la production devra
augmenter dans de grandes proportions pour faire
face aux demandes du marché. Ces demandes vont
en croissant avec une rapidité certainement peu faite
pour étonner ceux qui assistent au développement
économique véritablement prodigieux des nations sud-
américaines mais bien supérieure encore á la mar-
che ascendante que suit la production.
Les statistiques les plus récentes que nous ayons
pu nous procurer révelent, pour la seule République
Argentine —le débouché le plus important offert á
Pindustrie de la péche en Uruguay, ainsi que nous
avons eu lPoccasion de le mentioner—une consom-
mation totale de 17:871.564 kilogrammes en 1907,
19:424.591 kilogrammes en 1908, et 21:256.093 kilo-
grammes en 1909, soit une augmentation de 1:353.027
kilogrammes de 1907 a 1908 et de 1:83s.502 kilogra-
mes de 1908 a 1909.
En examinant les chiffres de la production des
deux derniéres années, durant lesquelles les produits
de la péche ont augmenté dans une proportion con-'
sidérable —la fondation de la «Pescadora Argentina»
date de 1907— il est facile de se rendre compte de
VPécart qui existe entre Paugmentation de Voffre de
poisson indigéne et celle de la demande,
po EN
Pour 1908, la production a étéde . . . 9:032.643 kilogrammes
Pour 1909, la production a été de . . . 10:744.752 kilorrammes
soit une augmentation de. 1:712,109 kilogrammes
inférieure de 119393 kilogrammes á l'augmentation
la consommation. Ces 119.393 kilogrammes se re-
trouvent, d'ailleurs, dans Paugmentation des produits
importés (poissons frais et conser ves) qui passent
de 10:391.948 kilogrammes en 19U8 a 10:511.341 kilo-
grammes en 1909.
Ces chiffres disent éloquemment combien est vaste
le marché qui s'offre aux produits de la péche. Et si
Von songe que clest depuis peu d'années seulement
que la consommation du poisson commence á se gé-
néraliser, si l'on tient compte d'autre part que le prix
actuel des poissons, crustacés et mollusques en fait
encore un véritable article de luxe, on ne peut mieux
faire que partager notre optimisme en ce qui concer-
ne le développement d'une industrie nouvelle encore
en Amérique du Sud et appelée au plus brillant avenir.
Juin, 1911.
E
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pS
— 91
TABLE DES MATIERES
ENTRODUCTION . 0 E E
PROJECT D'ORGANISATION D'UNE MISSION D'ETPUDES
Géographie et hydrographie . .-.
Mierolocie. ¿1 a de
Poissons, crustacés et mollusques
RENE... 2 AAN A
Procédés de conservation
Produit accessoires
Etude biologique des poissons, crustacés et ollas
Salines . . A
Epoque de isivadl., Mi
Bateaux, engins de péche, etc.
Organisation d'une mission.
TRAVAUX DE LA MISSION. .
Partie anecdotique. . O
Géographie, hydrographie, o eb
ROIBESONS 2.
Melacós:. 2 017 A A Se
MONUSques-.. <<. 0.
Péche.
Qualité des poissons
Poisson salé. .
CONCLUSIONS GENERALES DE LA MISSION .
Centres d'exploitation
Station de biologie marine .
RHegle de péche. .
Musée de péche . ;
Carte des fonds de péche
Carnet de péche . ,
Réglementation de la e
Inspection de la péche . .
Département de péche
PROGRES RÉALISÉS.
CONCLUSION .
ÁPPENDICE .
10
10
o
16
98
30
48
40
20
al
2)
65
67
65
70
70
71
74
16
17
18
83
84
PLANCHES HORS TEXTE
Planche TA
» II
» TIT
» VE
» V
» VI
» VII
» VIE.
» 10.0%
» EXT:
> XI
» XI
CARTES
Carte N.0 L, — Carte générale de 1"Uruguay
» >» 2.—Plan de la baie de Maldonado.
» » 3. — Embarcadere et brise-lames de Punta del Este
» » 4,—Plan du port de La Paloma
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